Une hausse durable du cours du brut avivera l'inflation

Elle commence à inquiéter, mais il ne faut surtout pas le dire trop fort... Depuis plusieurs semaines, les responsables monétaires, aux Etats-Unis comme en Europe, ont un étrange discours à propos de l'inflation. A court terme, la hausse du pétrole n'aurait, pour l'instant, aucune incidence grave sur l'évolution des prix à la consommation. Pour le moyen terme, la musique est différente.Vendredi, dans un entretien accordé au Frankfurter Allgemeine Zeitung, Otmar Issing, le chef économiste de la Banque centrale européenne, a ainsi estimé qu'il n'y avait aucune raison "d'augmenter les taux en raison des développements monétaires". Mais il a néanmoins ajouté que la BCE avait "souligné clairement les risques liés à un haut niveau de liquidités" et qu'elle agirait si nécessaire. Ce discours qui vise à la fois à rassurer les marchés obligataires et à démontrer que l'institut monétaire ne baisse pas pour autant sa garde, se fonde notamment sur l'évolution de l'agrégat M3 dont la croissance soutenue au cours des derniers mois pourrait annoncer à moyen terme de fortes tensions inflationnistes.Mais cet indicateur n'est pas le principal facteur d'inquiétude. Alors que nombre d'experts parient encore sur un reflux des prix du brut à partir de la fin du second trimestre, la récente poussée de fièvre sur les marchés de Londres et de New York a fait resurgir le spectre d'un baril à 60 voire 70 et même 100 dollars."Dans les mois qui viennent, l'inflation de la zone euro restera conditionnée à celle des prix du pétrole : la forte hausse du prix du brut enregistrée début mars pourrait remettre en cause le passage de l'inflation de la zone euro sous les 2 % courant 2005", notent les experts d'Ixis Corporate and Investment Bank dans leur étude hebdomadaire publiée vendredi.Impatience. On comprend pourquoi les marchés attendent avec impatience la publication demain de plusieurs indices européens de prix à la consommation, notamment en France. Selon les économistes de marché, l'inflation dans la zone euro est pour le moment contenue entre 2 % et 2,3 % mais la plupart estiment qu'une installation durable des prix du brut au-dessus des 50 dollars pourrait faire progresser ce chiffres au-dessus des 2,5 % pour toucher les 3 %. Une perspective qui menace sérieusement l'activité en Europe et qui fait du pétrole l'obstacle principal à une reprise économique forte.Akram Belkaïd
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