L'Italie broie du noir

Un désastre... Après avoir été une destination privilégiée durant de longues années, l'Italie connaît l'une de ses pires années touristiques. Récession, augmentation du coût de la vie, peur des attentats ont ainsi incité plus de 6 millions d'Italiens à rester chez eux. Dès la fin du mois de juillet, la Fédération des hôteliers et des restaurateurs a d'ailleurs évoqué un "Caporetto balnéaire" en référence à la grande défaite italienne de la Première Guerre mondiale.Selon les prévisions établies par cette fédération, 23 millions de vacanciers ne partiront en moyenne qu'une douzaine de jours. Ils étaient 29 millions en 2004, soit 62,3 % de la population, contre 48,7 % cette année."En 2005, le manque à gagner [pour l'industrie touristique] sera de l'ordre de 4 milliards d'euros", prédisent par conséquent les dirigeants de cette fédération. Pour 32,5 % des Italiens, c'est le coût trop élevé des vacances qui explique leur décision de rester chez eux. Plus important encore, 30 % des Italiens (contre 22 % en 2004) ont pris la décision de passer leurs vacances à l'étranger, notamment en Croatie et au Maghreb. Selon des statistiques préliminaires publiées par le gouvernement tunisien, la clientèle italienne a par exemple été la plus importante en nombre dans l'île de Djerba.La réticence des Italiens à passer des vacances dans la péninsule tranche avec l'attrait toujours confirmé de cette dernière pour les visiteurs étrangers. Au cours des cinq premiers mois de l'année, ils ont été 2,8 % de plus que pour la même période en 2004. De façon générale, le tourisme balnéaire fait figure de grand perdant. Par rapport à l'an dernier, 1,5 million d'Italiens ont déjà renoncé aux plaisirs du parasol depuis le début de la saison. Au niveau national, les plagistes ont réalisé un chiffre d'affaires de 338 millions d'euros, contre 420 millions l'an passé."Pour s'offrir deux semaines de vacances, un ménage avec un seul revenu mensuel doit hypothéquer au moins trois mois de salaire !" explique Elio Lanutti, président d'Adusbef, l'une des principales associations qui défend les droits des consommateurs. Au centre d'études Fipe, le constat est identique et l'on souhaite un contrôle des prix plus rigoureux. Il y a en effet urgence : l'Italie est passée en dix ans de la première à la cinquième place (derrière la Chine !) des destinations touristiques mondiales.Ariel F. Dumont, à Rome
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