Le retour des batailles boursières

L'offensive d'E.ON est assez symptomatique de ce que vivent les marchés boursiers depuis la rentrée 2005. Après trois ans de léthargie, les offres inamicales suivies de batailles boursières pour emporter des cibles manifestement sous-évaluées font effectivement florès. Saint-Gobain a ouvert le bal en lançant cet été son OPA sur le plâtrier britannique BPB, lequel ne l'a pas entendu de cette oreille, appelant surtout de ses voeux une surenchère par rapport au prix initial. À l'issue d'une belle partie de poker menteur, Jean-Louis Beffa, le patron de Saint-Gobain, l'a finalement emporté en offrant 775 pence par action contre 675 pence à l'origine. sous-évaluation. Se sont bien vite engouffrés dans la brèche Arcelor en lançant une offre inamicale sur le canadien Dofasco, contrée par l'allemand ThyssenKrupp ; mais aussi Mittal en partant à l'assaut du même Arcelor. Le port de Dubaï a également décidé de braver les éléments en proposant une offre inamicale sur le groupe portuaire et de transports P&O, le port de Singapour lui ayant alors barré le passage. Dubaï a pourtant eu le dernier mot. Le groupe pharmaceutique Guidant vient, lui aussi, de faire l'objet d'une âpre bagarre entre Johnson & Johnson et Boston Scientific, ce dernier l'ayant finalement emporté après plusieurs surenchères. Dans le même secteur, l'allemand BASF vient de lancer une offre inamicale sur Engelhard. Après négociations, ils viennent de s'entendre sur des modalités revues à la hausse. le groupe énergétique britannique BOC vient de son côté de rejeter une offre à 15 livres par action de l'allemand Linde mais serait prêt à revoir sa position à 16 livres.À l'évidence, d'autres batailles boursières sont déjà en préparation et devraient bientôt nourrir le quotidien des différentes places mondiales. D'autant qu'il est intéressant de noter que contrairement à ce que l'on a pu voir par le passé l'annonce de telles opérations dope non seulement les cours de la cible (compte tenu d'une prime souvent alléchante par rapport au dernier cours de Bourse), mais aussi de l'initiateur, les investisseurs récompensant manifestement les groupes soucieux de se constituer des relais de croissance, quand bien même ces opérations seraient dilutives dans l'immédiat. Et ce très certainement en réaction à tous les programmes de rachat d'actions organisés par des entreprises en mal d'idées d'investissement.Signe également très encourageant pour les marchés : si ces batailles boursières peuvent avoir lieu, c'est bien parce que les cibles sont, de toute évidence, sous-évaluées et qu'elles méritent une série de surenchères. Les indices n'ont pas fini de reprendre de la hauteur.Pascale Besses-Boumard
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