Interrogations sur la valorisation du groupe

Jamais l'action EADS n'avait encaissé pareil choc depuis plus d'un an. Le cours de Bourse du groupe a abandonné 4,44 % hier en séance, après l'annonce du désengagement partiel de Lagardère et Daimler-Chrysler. Ils vendront chacun 7,5 % du capital. D'où un afflux important de titres sur le marché, susceptible de peser sur le cours d'EADS.Impact du dollar. Mais cette sortie partielle pose surtout le problème de la valorisation du constructeur. Ce désengagement "laisse penser que le groupe de médias et le constructeur automobile ne pensent pas que l'action EADS recèle un fort potentiel de hausse", décrypte le bureau d'analyse Kepler Equities.Ainsi, le titre s'est déjà envolé de 80 % depuis son introduction en juillet 2000, à 19 euros. Mieux, il a plus que quintuplé depuis son plancher historique de 6,5 euros, touché en 2003, grâce à l'avionneur Airbus, filiale à 80 % d'EADS, qui a soufflé la place de numéro 1 mondial du secteur à Boeing, sur fond de reprise du trafic aérien. Sans oublier, en 2005, la remontée du dollar, monnaie de facturation dans l'aéronautique.Mais avec le dollar qui repique du nez et un Boeing plus agressif, les analystes financiers fixent un objectif de cours de 35 euros seulement sur l'action, selon l'agence Bloomberg. Soit un potentiel de hausse limité à 7 % par rapport au cours actuel.Cette marge de progression pourrait encore diminuer, EADS venant de se faire souffler Thales par Alcatel. Le rachat du groupe d'électronique lui aurait permis d'étoffer son activité de défense, qui offre plus de visibilité sur le chiffre d'affaires que l'aéronautique civile.Il sera difficile pour EADS de combler sa décote boursière par rapport à Boeing. Le groupe, qui tire 20 % de ses revenus de la défense, se paie en Bourse 14,3 fois son bénéfice net attendu pour 2006, selon les estimations compilées par le bureau d'études Nelson. Alors que l'américain, dont la moitié du chiffre d'affaires provient de la défense, se traite sur la base d'un multiple de 22,8. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les actions Lagardère et Daimler-Chrysler ont grimpé respectivement de 3,66 % et de 1,66 % hier, les investisseurs saluant le recentrage des deux groupes.Christine LejouxUne opération techniquement complexePour ce désengagement partiel, Lagardère SCA procédera à l'émission d'une obligation remboursable en actions à parité ajustable (Orapa). Une ORA qui affiche une particularité : Lagardère est totalement protégé en cas de baisse de l'action EADS sur la période. En revanche, le groupe bénéficie d'un mécanisme d'intéressement à la hausse du cours du titre du géant européen, dans la limite d'une progression de 15 %. Cette ORA porte sur 7,5 % maximum du capital de EADS, et est entièrement souscrite par la banque IXIS CIB, qui a placé à terme la majeure partie des titres auprès d'un groupe d'investisseurs institutionnels français.
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