Les entreprises françaises s'organisent

Importante au regard de la dimension du pays, la présence française au Liban compte près de 90 implantations, dont plus de la moitié d'entre elles ont été créées durant les années 90, juste après la fin de la guerre civile, le reste l'ayant été à compter des années 2000. Au total, les entreprises françaises emploient près de 5.000 personnes, essentiellement des locaux. De fait, les expatriés présents au pays du cèdre ont quitté le pays, vendredi pour la plupart d'entre eux. Compte tenu de la dégradation de la situation politique ces dernières années, la présence française au Liban n'a pas connu d'évolution majeure depuis trois ans. Et certaines firmes comme France Télécom ont même choisi de quitter le pays.Les grandes banques et assureurs. Parmi les entreprises françaises implantées au Liban se trouvent la plupart des grandes banques et assureurs. Axa y a développé une activité d'assurance dommage, Axa Middle East. L'assureur y emploie essentiellement des salariés du pays et ne recense à ce jour qu'un seul ressortissant français. Du côté des banques, Calyon, filiale de banque d'affaires du Crédit Agricole, n'est plus présent dans le pays après avoir cédé les participations héritées d'Indosuez. Société Générale et BNP Paribas y ont toutes deux développé un réseau de banque de détail. Face au conflit, la filiale de BNP Paribas, BNPI Liban, qui compte quatre agences dans le pays où travaillent plus de 200 salariés, a décidé de fermer l'agence de la ville de Saida au sud. " Nous avons fait sortir les familles de nos collaborateurs expatriés du territoire en fin de semaine dernière ", indique-t-on, en outre, au siège à Paris. La situation au Liban est également suivie de très près par les équipes de SG. " Nous faisons régulièrement le point avec l'ambassade de France au Liban ", précise une porte-parole. La Société Générale a aussi pris la décision de fermer 12 agences au sud de Beyrouth sur les 55 que compte sa filiale libanaise.Du côté des industriels, Candia, filiale de Sodiaal, a vu hier son usine - la plus importante de produits laitiers du pays avec un cheptel de 5.000 têtes - située dans la plaine de la Bekaa détruite et incendiée. Les pertes sont évaluées à 10 millions de dollars. Il s'agit toutefois d'une franchise pour Candia réalisée avec le groupe libanais Liban Lait.Au siège de L'Oréal, la cellule de crise mise en place en fin de semaine suit heure par heure la situation de la filiale créée au début 2000. " La gestion est assurée par le comité de direction en liaison avec l'ambassade de France ", explique-t-on. Quant aux 150 salariés, " ils sont en vacances jusqu'à nouvel ordre ".Présent dans le pays depuis 1929 à travers sa filiale Soal (Société d'oxygène et de d'acétylène du Liban), Air Liquide ne déplore aucun blessé chez ses quelque 60 salariés libanais. Soal tente de continuer à livrer ses clients en gaz médicaux, principalement les hôpitaux en oxygène. Mais l'approvisionnement du sud de Beyrouth devient de plus en plus problématique en raison de la destruction des routes.Une obligation de sécurité pèse sur les entreprises françaisesLa responsabilité des auteurs d'un attentat n'exclut pas pour autant la responsabilité d'une entreprise française ayant des salariés expatriés au Liban. Depuis la jurisprudence " amiante ", une société a une obligation de sécurité de résultat vis-à-vis de son personnel. Simple rappel, dans un jugement de 2004, le tribunal des affaires de sécurité sociale de La Manche avait condamné la Direction des Constructions Navales (DCN) à verser des dommages et intérêts à la famille de l'un de ses salariés décédé lors de l'attentat de Karachi en 2002. " L'employeur avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé le salarié et qu'il n'a pas pris les mesures nécessaires pour l'en préserver ", avait estimé ce tribunal. Or plus le risque grandit, plus il est difficile à une entreprise de préserver la sécurité de ses expatriés, à moins de les rapatrier sous la protection de l'armée.
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