« Dassault et l'Aerospatiale fusionneront le 1er janvier 1997. L'ouverture ultérieure du capital interviendra dès que possible. » Hier, à 17 h 10, un rapide communiqué de Matignon a mis en accéléré la réorganisation de l'industrie française de Défense. Ce qui était impensable, inimaginable, irrecevable hier deviendra réalité demain. Et toute la face des entreprises d'armement en sera changée. Il est clair que cette opération réussie, malgré les fortes réticences de la famille Dassault et du corps social de l'Aerospatiale, d'autres vont rapidement suivre. Jacques Chirac s'y est engagé. Il agit avec célérité et détermination. Convaincu que la France a besoin d'une profonde restructuration pour rester dans la compétition mondiale. Et s'imposer comme « l'autre voie » diplomatique face aux Etats-Unis en mettant à profit la disparition progressive de la Russie de la scène militaire internationale. Après Dassault-Aerospatiale, l'attention élyséenne se porte particulièrement sur Thomson. Conceptuellement, l'aéronautique militaire n'est rien sans l'électronique, qui représente jusqu'à 50 % du coût d'un avion de combat. D'où l'intérêt pour la France de disposer d'une importante force de frappe électronique, allant des radars aux missiles. Matra pense pouvoir être ce « champion »-là. Alcatel Alsthom lui conteste officiellement ce rôle. L'affaire est aussi cruciale pour l'avenir du pays que l'est Dassault-Aerospatiale. Personne ne sait encore où Jacques Chirac va placer le curseur. Sur Matra, pour constituer un groupe de défense musclé, comme le lui conseillent certains ? Sur Alcatel Alsthom, pour donner naissance à un « General Electric français », comme le lui suggèrent d'autres ? Mais une évidence s'impose aujourd'hui. Aller vite, car les gouvernements précédents ont trop perdu de temps. Aller vite, car les entreprises sont depuis des mois en ébullition à l'idée de ces rapprochements. Et de l'ébullition à la déperdition d'énergie, il n'y a pas loin.

latribune.fr

26 Sept 2008, 3:04

Partager :