Une industrie dominée par quelques géants

« Do or die » : agissez ou disparaissez. Le projet de fusion entre Lockheed Martin et Northrop Grumman confirme que, pour les grandes entreprises américaines, le seul moyen de s'imposer avec certitude sur la scène mondiale est d'atteindre une taille massive et de rechercher inlassablement plus d'efficacité, plus de synergie, plus de parts de marché. C'est vrai dans la banque (Chase-Chemical), dans les télécommunications (Bell Atlantic-Nynex), les maisons de courtage (Morgan Stanley-Dean Witter) et, bien entendu, dans l'aéronautique. Encouragées par les applaudissements du Pentagone et la bienveillance des autorités régulatrices, les entreprises aéronautiques américaines ont procédé à une vingtaine de fusions et acquisitions depuis 1993. Avant de courtiser Northrop avec une « offre impossible à refuser », Lockheed Martin - fruit de la fusion entre Lockheed et Martin Marietta - avait racheté l'essentiel de Loral pour 9,1 milliards de dollars. Boeing se prépare à racheter McDonnell Douglas pour 14 milliards, avec la bénédiction de Washington, après avoir mis la main sur les activités de défense de Rockwell International pour 3,2 milliards de dollars. Raytheon a racheté les activités de défense de Hughes Electronics à General Motors pour 9,5 milliards de dollars et celles de Texas Instruments pour 3 milliards. Bénédiction de l'Etat. Les constructeurs aéronautiques ont été contraints de se regrouper pour plusieurs raisons : dans le contexte de la mondialisation, le seul moyen sûr de survivre est de se transformer en gorille respecté aussi rapidement que possible ; la réduction des dépenses de défense, due à la fin de la guerre froide, a entraîné une surcapacité de production qu'il faut bien éliminer : l'impossibilité de relever sensiblement les prix, du fait des restrictions budgétaires et de la faiblesse de l'inflation (qui prive les entreprises d'une excuse pour augmenter leurs tarifs), force les entreprises à réduire leurs coûts et à accroître leurs parts de marché pour préserver leurs profits. Le mouvement est facilité par l'attitude des autorités politiques et régulatrices américaines. Désireuse de donner aux entreprises des Etats-Unis le moyen d'améliorer leur productivité et de faire la loi sur le marché mondial, l'administration Clinton a encouragé les regroupements dans l'industrie de la défense. Le Pentagone préfère traiter avec deux ou trois grandes compagnies rivales qu'avec une douzaine d'entreprises plus petites : il estime que la réduction des effectifs, la fermeture des unités de production inutiles et la mise en commun des activités de recherche entraîneront de grosses économies qui profiteront aux contribuables. J.-M. M.
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