Dans le monde de la communication et de la presse, Rupert Murdoch s'est acquis la réputation d'un homme qui n'obéit à aucune règle, excepté les siennes. Et, depuis plus de trente ans qu'il évolue dans le monde des médias mondiaux, le flibustier australo-américain n'a cessé de dérouter tous ceux qui l'observent ou le côtoient. Ses adversaires comme ses partenaires. La distribution des rôles dans le grand Monopoly mondial de la télévision n'étant jamais figée pour l'éternité, les premiers ne sont jamais assurés de ne pas se retrouver demain dans la situation des seconds. Et inversement. Le groupe allemand Bertelsmann et les français Havas et Canal+ s'imaginaient avoir apprivoisé le patron de News Corp. au sein d'une alliance conclue il y a tout juste quatre mois. Erreur. Rupert Murdoch leur fausse compagnie et s'en va faire affaire avec le camp rival, celui du milliardaire Leo Kirch, un autre franc-tireur des affaires. Pourquoi ? Rupert Murdoch n'a pas pour habitude de perdre son temps à se justifier ou à s'expliquer. Il agit. Avec un flair qui l'a rarement trahi depuis ses premiers coups dans les années soixante. Et une réussite sur quatre des cinq continents - l'Afrique n'est pas encore un marché prometteur - qui fait de lui le seul et unique acteur de la communication et de la télévision réellement planétaire. Son entourage se complaît à nourrir la légende de cet homme qui « produit dix idées avant même que ses concurrents se lèvent le matin, et les met en pratique ». A défaut d'être aussi prolifique et surnaturellement doué, Rupert Murdoch possède un don irremplaçable en affaires, celui de surprendre. Quitte à piétiner les règles et les principes en chemin. Ce que ses alliés de l'heure peuvent prendre pour une trahison ou une défection n'est pour lui que réalisme en affaires. Dans les grandes manoeuvres de la télévision numériqe en Europe, les dés ont déjà beaucoup roulé. Ils peuvent encore rouler. Mais le patron de News Corp. vient de s'ériger en partenaire incontournable. Et dans une partie de cette ampleur, il est préférable d'avoir Murdoch avec soi plutôt que contre soi.

latribune.fr

26 Sept 2008, 3:06

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