L'assurance dommages sort péniblement du rouge

L'ASSURANCE dommages française a-t-elle définitivement tiré un trait sur ses années de vaches maigres ? Avec près de 30 milliards de francs de pertes d'exploitation cumulées sur cinq ans, dont 10,4 milliards pour le seul exercice 1992 ramené à 4,8 milliards en 1994, le retour à l'équilibre était annoncé pour 1995. C'est du moins ce que prévoyait Pierre Florin, président de l'Apsad (assemblée plénière des sociétés d'assurance dommages) en septembre dernier. Depuis, la profession a revu ses prévisions à la baisse. Quant à savoir si l'assurance dommages renouera avec les bénéfices en cette nouvelle année, plus personne ne se risque désormais à établir de pronostic. Pourtant, le secteur de l'assurance dommages a confirmé au premier semestre le redressement de 1994. Les politiques engagées par les compagnies et les mutuelles en matière de surveillance du portefeuille, majorations tarifaires, sélection de la clientèle, résiliations des mauvais risques, voire suspension de la souscription dans certaines branches, ont en effet commencé à porter leurs fruits. Ainsi, le GAN, longtemps considéré comme le plus mauvais élève de la classe, a divisé par plus de deux ses pertes techniques dans cette branche au 30 juin 1995 grâce aux mesures d'assainissement engagées. La résiliation de 120.000 contrats auto en l'espace d'un an et demi n'est d'ailleurs pas étrangère à l'amélioration observée. Pour sa part, l'UAP a ramené son déficit technique en assurance dommages à 1,3 milliard de francs, contre 1,7 milliard au 30 juin 1994. Accroissement du provisionnement dans la branche construction Quant à la cure infligée par Jean-Claude Seys à la Maaf, elle a permis à la mutuelle de renouer avec les bénéfices l'an dernier (214 millions de francs de résultat net). Enfin, la tendance à rémunérer les agents généraux sur la base de la qualité technique des contrats apportés, au lieu de la commission au chiffre d'affaires, participe également au mouvement de redressement du secteur de l'assurance dommages. Sans oublier l'évolution exceptionnellement favorable de la sinistralité dont a bénéficié le secteur. Il n'en demeure pas moins que plusieurs éléments « viendront tempérer en 1995 les effets de l'amélioration prévisible dans la plupart des branches d'assurance dommages », écrivait Denis Kessler, président de la FFSA (Fédération française des sociétés d'assurance) dans la lettre « Assurer » publiée en décembre. La hausse de 2 points de la TVA, le 1er août dernier, va ainsi accroître la charge des sinistres, selon la profession. Tandis que la modification de la réglementation en assurance construction va obliger les assureurs à provisionner davantage cette branche. La progression du nombre d'accidents corporels sur les neufs premiers mois de l'année ne laisse pas d'inquiéter la FFSA. Dans ce contexte, le relâchement des efforts des assureurs en matière de tarifs (lire ci-dessus) laisse penser que l'amélioration de l'assurance dommages reste bien fragile. P. MO.
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