La route des Etats-Unis libre pour Sema Group

Pierre Bonelli, le patron de Sema Group ne sera plus obligé d'aller « plaider la cause » de sa société auprès de la Fed (Federal Reserve) en attendant un hypothétique assouplissement de la législation américaine. En effet, les mesures qui viennent d'être annoncées par la société de services franco-britannique lui permettent désormais le libre exercice de ses activités outre-Atlantique. Le catalyseur consiste en une opération de fusion-absorption qui voit la Financière Sema - holding contrôlant 41,1% du capital de Sema Group et détenue à hauteur de 50,1% par le groupe Paribas et 49,9% par France Télécom -, être absorbée par Sema Group. Conséquence mécanique : Paribas et France Télécom deviennent actionnaires directs de la SSII avec respectivement 20,6 % et 20,5 % du capital. Mais l'évolution de la structure de l'actionnariat ne s'arrête pas là. Dans un deuxième temps, la société de services va acquérir les participations que France Télécom détenaient encore dans deux filiales communes: d'une part, Sema Group Outsourcing à hauteur de 24,5 % et d'autre part, TSFM dont l'opérateur détenait 60 %. Montant du deal : 420 millions de francs. Cette transaction sera rémunérée par le biais d'une émission d'actions nouvelles ordinaires, le nombre exact d'actions à émettre étant calculé en fonction du cours moyen de l'action Sema au London Stock Exchange entre le 7 et le 30 juillet. Ainsi, sur la base du cours du 4 juillet dernier, Paribas et France Télécom seraient respectivement détenteurs de 20 % et 22,8 % du capital. France Télécom renforce ainsi ses liens avec un partenaire jugé « stratégique » tout en se débarrassant de deux entités difficiles : les activités informatiques ont coûté à l'opérateur 2 milliards et demi de francs en cinq ans. Libéré de la contrainte du Banking Holding Act qui empêche toute filiale d'un groupe bancaire opérant aux Etats-Unis de procéder à des opérations non financières sur le territoire, Sema Group a désormais toute latitude pour lancer un véritable programme d'expansion outre-atlantique. Ses activités aux Etats-Unis représentent pour l'instant moins de 1 % de son chiffre d'affaires. Mais le groupe reste en revanche discret sur ses projets (acquisition ou alliance). « Rien ne sera annoncé avant la fin de cette année, nous réfléchissons aux stratégies à mettre en oeuvre », se contente de déclarer William Bitan, directeur financier de Sema Group. Alors, pouruoi ne pas avoir réalisé une telle opération auparavant ? « Un montage aussi sophistiqué nous a demandé beaucoup de temps. Par ailleurs, nous pensions que la législation américaine allait changer, puis le développement de notre stratégie passait d'abord par l'Europe, les Etats-Unis devenant importants à partir de 1998. Le feu vert de la Fed a été déterminant comme celui du Takeover Panel en Grande-Bretagne qui a constaté que France Télécom et Paribas n'agiraient plus de concert », explique William Bitan. Pour Sylvie Chauvin-Benech, responsable du cabinet d'analyses Input France, « cette initiative va permettre à Sema de participer aux grands projets internationaux dont il était habituellement écarté, n'ayant pas de présence significative. Par ailleurs, note cette dernière, le groupe est sorti des marchés scientifiques ou de défense pour s'orienter vers des marchés de commerciaux ou de gestion comme les télécommunications ». Gilles Musi
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