RACHAT + Les candidats à la reprise du GAN fourbissent leurs armes

En ordre dispersé ou en mouvement unitaire, les syndicats du GAN se battent sur tous les fronts afin de connaître les intentions des pouvoirs publics sur l'avenir de leur groupe. Avant d'être reçue à Bruxelles la semaine prochaine, la CFDT a ainsi fait part hier de ses préoccupations aux conseillers de Dominique Strauss-Kahn à Bercy, notamment sur la sauvegarde de l'emploi. La CGT doit à son tour être reçue aujourd'hui par les conseillers du ministre de l'Economie. « Nous sommes déçus. Nous venions pour avoir des hypothèses de travail. Or toutes nos questions sont restées sans réponse », expliquait hier un délégué CFDT à l'issue de la rencontre. L'expectative des syndicats n'empêche pas les futurs candidats intéressés par la reprise du GAN, parmi lesquels figurent en bonne place les AGF et Allianz, de se livrer en coulisse à une savante guerre d'influence. A l'heure où Bercy et Bruxelles s'apprêtent à entamer les négociations sur le plan de sauvetage de la compagnie d'assurances, ses syndicats ne sont pas épargnés par les sollicitations. Pour l'heure, ils assurent toutefois ne vouloir se prononcer en faveur de tel ou tel plan qu'en connaissance de cause. A cette fin, les élus du comité central d'entreprise du GAN ont déjà mandaté leurs experts pour étudier les comptes des futurs repreneurs. Logique industrielle. Les AGF, qui n'ont pas caché leur intérêt pour le GAN, mettent en avant la logique industrielle d'une telle fusion et la viabilité à terme de la compagnie sur son marché domestique de l'assurance dommages des particuliers. Un marché en profonde mutation avec l'émergence du poids lourd Axa-UAP qui talonne la Macif, même s'il est difficile de connaître la taille critique que doit désormais avoir un groupe d'assurance en France. Mais il est clair qu'en rapprochant les 1.186 agences des AGF et les 1.350 agents généraux du GAN, le nouvel ensemble pourrait ainsi reconstituer un réseau commercial fort et dynamique. Avant toute chose, les AGF sont intéressées par la totalité des activités d'assurance française du GAN. Le groupe est aussi partant pour reprendre une partie du capital de la Socapi et la participation de 20 % que devrait in fine conserver le GAN dans le CIC. Dès lors, si la Commission européenne impose une cession du réseau étranger du GAN, cette condition ne découragerait pas les ardeurs des AGF. Même si le réseau international du GAN aiderait la compagnie présidée par Antoine Jeancourt-Galignani à restructurer certaines de ses implantations et particu- lièrement sa filiale en Grande- Bretagne, confrontée à de sérieuses difficultés. Sureffectifs. Pour autant, les AGF doivent convaincre que ce projet industriel ne se fera pas au détriment de l'emploi. Il y a alors fort à parier que leurs dirigeants reprendront pour leur compte les arguments développés par Claude Bébéar, le président d'Axa. Ce dernier fait valoir que l'assurance peut résoudre en douceur ces problèmes de sureffectifs, étant sur un marché porteur. Sans nul doute, les AGF mettront aussi en avant leur projet de créer une filiale commune avec La Poste, composée à parité par les salariés des deux établissements pour résoudre leur problème de sureffectifs. Rien ne peut donc arrêter les AGF, sauf si le gouvernement français décide, à l'issue de ces discussions avec Bruxelles, de privatiser le GAN en lançant une offre publique de vente sur le marché. Cette procédure pourrait alors donner lieu à une surenchère financière qui tournerait à l'avantage des groupes étrangers et notamment d'Allianz. Le président du groupe allemand, Henning Schulte-Noëlle, a encore récemment montré sa détermination. « Il est clair que si le GAN devait être privatisé, nous serions sur les rangs pour étudier le dossier et être impliqués dans les discussions », a-t-il déclaré dans une interview à l'Argus. Allianz est prêt à reprendre l'ensemble des activités de GAN Assurances, quitte à revendre par la suite les actifs qui ne revêtent pas à ses yeux un intérêt stratégique. Cette acquisition lui permettrait de gagner du temps dans sa stratégie de développement sur le marché des entreprises en prévoyance et en retraite, considéré comme un axe prioritaire. En outre, la reprise d'un réseau réputé « de bonne qualité » faciliterait son projet de modernisation de son réseau d'agents généraux. Les jeux restent très ouverts. Sybil Rizk
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