Brésil + Rio donne le coup d'envoi des privatisations bancaires

Avec ses 193 agences et ses 700.000 clients, la Banerj, banque de l'Etat de Rio, semblait laisser la communauté financière indifférente, et sa liquidation prochaine par la banque centrale était annoncée. Mais au dernier moment, le Banco Itaù, deuxième banque du pays, a créé la surprise en proposant 311 millions de reals (environ 56 millions de francs) pour cet établissement, qui faisait partie du groupe des quatre banques publiques en difficulté administrées par la banque centrale. Lorsque les autorités l'ont prise sous leur aile en 1994, la Banerj avait accumulé des pertes supérieures à 1 milliard de dollars (5,8 milliards de francs). Compléter le réseau. Pour Robert Appy, administrateur de la Banque Sudameris, « la reprise de la Banerj par Itaù inaugure la dernière phase de la restructuration du système bancaire brésilien : l'assainissement, suivi de la vente ou de la liquidation de la trentaine d'institutions contrôlées par les gouvernements des Etats de la fédération ». Président du CCF Brésil, Bernard Mencier affirme pour sa part que « ces banques de détail, essentiellement régionales, intéressent avant tout des grandes banques brésiliennes désireuses de compléter leur réseau dans des régions où elles ont une présence insuffisante ». Tel est le raisonnement d'Itaù, deuxième groupe bancaire privé brésilien avec des actifs de 34,8 milliards de dollars (205 milliards de francs), qui vise la première place, occupée par Bradesco (39,2 milliards d'actifs et 5,6 milliards de patrimoine). Certaines banques devraient toutefois intéresser les étrangers, tel le Méridional, qui possède 22 agences dans le prospère Etat de Rio Grande do Sul. Parmi les candidats à son rachat : les AGF, l'américain Bank of Boston, les espagnols Banco Santander et Banco Bilbao Vizcaya, et deux portugais, Caixa Geral do Provo et Banco do Espirito Santo. Autre exemple : la Banespa. « Seuls des étrangers peuvent se l'offrir », affirme un banquier. Sous tutelle depuis le 1er janvier 1995, la Banque de l'Etat de Sao Paulo (600 agences et 2 millions de clients) devrait en principe être privatisée au début de l'année prochaine. Mais le grand dossier bancaire brésilien pourrait être celui du Banco do Brasil, principal établissement du pays avec 3.000 agences, 86.000 employés et des actifs atteignant 81,5 milliards de dollars (480 milliards de francs), dont le gouvernement fédéral songerait à se séparer. Mais les résistances politiques semblent encore trop importantes pour que l'exécutif passe à l'acte avant les élections générales d'octobre 1998. Quoi qu'il en soit, le paysage bancaire brésilien paraît promis à une vaste restructuration après une douloureuse remise à flot qui a conduit le gouvernement à consacrer, au cours des dernières années, plus de 20 milliards de dollars au Proer, un programme qui a permis aux institutions les plus saines d'absorber les plus fragiles. Yann Le Houelleur, à Sao Paulo
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.