Les banques britanniques vont tailler dans leurs effectifs

L'année 1996 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices pour les salariés de la finance d'outre-Manche. C'est du moins le sentiment du syndicat des banques et institutions financières britanniques (Bifu) qui vient d'estimer à près de 20.000 le nombre d'emplois que le secteur pourrait supprimer en 1996. La National Westminster Bank, la Midland Bank et la Royal Bank of Scotland pourraient figurer parmi les établissements les plus touchés, selon le syndicat. « Notre message aux clients est clair. Les reproches ne doivent pas s'adresser aux employés, mais aux dirigeants des banques », a déclaré Ed Sweeney, secrétaire général du Bifu, qui craint que ces réductions d'effectifs n'aient un impact direct sur la qualité du service offert à la clientèle, alors même que ces établissements doivent annoncer des profits de plusieurs milliards de livres. Le Bifu craint également que les fusions à venir entre banques et building societies (établissements spécialisés dans les crédits hypothécaires) n'accélèrent les coupes dans les effectifs. Les derniers rapprochements dans le secteur financier britannique se sont déjà traduits par quelque 90.000 suppressions d'emplois en six ans sur les 390.000 que compte la profession, tandis que la Grande-Bretagne a vu le nombre d'agences bancaires décroître de 2.400 en l'espace de cinq ans, pour se stabiliser à environ 10.500 guichets. Entre 1990 et 1995, la NatWest s'est séparée de 23.000 employés, la Barclays de 21.000, la Lloyds de 15.000, la Midland et TSB de 9.000 chacune. Enfin, la création de la première banque de détail britannique, issue de la fusion effective depuis la semaine dernière de la Lloyds Bank et TSB Group, n'est pas de nature à rassurer les syndicats bancaires. D'abord, parce que la fermeture d'au moins 500 des 2.983 agences du nouveau géant est au programme. Ensuite, parce que sir Brian Pitman, qui va prendre la direction opérationnelle du nouveau groupe, milite pour une réduction supplémentaire de 75.000 emplois dans le secteur financier. Même si, à l'annonce de la fusion de la Lloyds Bank et de TSB Group, les dirigeants des deux établissements avaient déclaré que les réductions d'effectifs résulteraient du « turn-over naturel », soit environ 6.000 personnes par an en combinant les deux groupes (voir La Tribune du 12 octobre 1995). Toujours est-il que ces estimations du Bifu sur l'emploi dans le secteur financier en 1996 viennent corroborer les prévisions pessimistes de certaines études récentes. Informatisation et succès des banques directes Ainsi, un rapport du Crédit Lyonnais Laing indiquait cet automne que les banques britanniques devraient perdre 100.000 emplois d'ici à l'an 2000 en raison de la modernisation des systèmes informatiques des banques de détail et du succès des expériences de banques directes. Ainsi, la réussite de First Direct, lancée en 1989 par la Midland, qui vient d'atteindre le cap des 500.000 clients, ne se dément pas. Moins alarmiste, le consultant Deloitte Touche Tohmatsu International avait estimé dans une étude publiée à Londres au début de l'été que les banques de dépôt britanniques risquaient de supprimer jusqu'à 50.000 emplois et fermer la moitié de leurs agences dans les dix ans à venir, en raison des progrès technologiques et de la concurrence. Et le cabinet d'invoquer l'extension des opérations bancaires par téléphone ou encore la multiplication des distributeurs automatiques de billets et des cartes de crédit pour expliquer l'inexorable fermeture des agences. P. MO.
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