EUROPE + Londres s'offre un record après le budget

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la Bourse de Londres a la digestion heureuse. Tout juste vingt-quatre heures après la présentation du budget concocté par le chancelier de l'Echiquier, Gordon Brow, l'indice FTSE (« Footsie ») des cent plus importantes valeurs s'est offert le luxe d'un nouveau record historique. Franchissant hier la barre des 4.800 points, l'indice a en effet terminé la séance sur le niveau de 4.831,70 points, soit un gain de 1,69 %. Surprise. La performance n'était pas gagnée d'avance, d'où la surprise manifestée par les professionnels de la City. De fait, l'indice avait commencé sa journée sur une note plutôt négative. Les mesures annoncées par Gordon Brown n'étant pas de nature à freiner la consommation, les opérateurs se sont immédiatement inquiétés des retombées inflationnistes sous-jacentes, estimant alors que la politique monétaire devrait être resserrée de façon plus rigoureuse que prévue. Or, cette anticipation, si elle est favorable à la livre sterling, est dommageable pour les industries exportatrices. L'annonce du montant de la windfall tax sur les bénéfices « excessifs » de certaines sociétés, puis l'abolition de l'Advance Corporation Tax (voir page V) n'ont pas remonté le moral des troupes. Au final, les opérateurs ont eu le sentiment que Gordon Brown avait préféré prendre dans les poches des sociétés (le chancelier a pourtant réduit l'impôt sur les sociétés) plutôt que dans celle des consommateurs - là où, selon, eux, il aurait pourtant fallu piocher. Considérations sectorielles. « Normalement, toutes ces considérations auraient dû entraîner la Bourse vers le bas », estime Bob Semple, stratégiste chez NatWest Markets, « mais le Footsie s'est soudainement redressé, à la surprise générale ». Ce qui est sûr, c'est que plusieurs facteurs se sont conjugués pour modifier l'appréciation initiale des investisseurs. La bonne tenue des taux à long terme, imputée à la forte remontée de la livre sterling, puis la hausse de Wall Street ont permis au Footsie d'opérer un redressement. Là-dessus se sont greffées des considérations sectorielles, certaines catégories de valeurs tirant alors l'indice à la hausse. Les valeurs liées à la distribution ont par exemple salué l'absence de relèvement de la TVA sur l'alimentation ou l'habillement pour enfants. Les valeurs bancaires, qui devraient profiter du peu de freins mis à la consommation, ont tenu le haut du pavé - NatWest et Barclays d'autant mieux que les rumeurs de rachat ou de fusion ne se lassent pas de circuler -, de même que la quasi-totalité des titres des sociétés pourtant touchées par la fameuse « windfall tax ». L'action British Telecom, par exemple, a progressé sur la nouvelle que la taxe qui lui sera imposée n'atteindra que 500 millions de livres, moitié moins que les prévisions qui avaient été faites. Ce motif s'est révélé être le même pour toutes les autres sociétés concernées. Même les compagnies d'investissements immobiliers ont été entourées en raison d'un relèvement plus faible que prévu des droits d'enregistrement. Bref, tout se passe comme si le Footsie avait décidé de reléguer au second plan les risques de resserrement monétaire. « D'où la nécessité d'être très, très prudents », conclut Bob Semple, convaincu du retour de bâton. Nava Dahan, à Londres
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