« Les fonds fédéraux se situeront à 6,50 % à la mi-1997 »

« La Tribune ». - La décision de la Fed de ne pas remonter ses taux vous paraît-elle logique ? Bill Dudley. - Les différents membres de la Fed avaient déjà laissé entendre, à travers plusieurs interventions, que les taux seraient maintenus compte tenu des dernières données sur l'inflation. L'attitude adoptée est donc cohérente. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de débat parmi les membres de la Fed. Au contraire, je suppose que la discussion a été plutôt rude, puisque certains membres s'inquiètent toujours d'une surchauffe de l'économie, avec les risques d'inflation que pourraient créer des tensions sur l'emploi. Pensez-vous que c'est reculer pour mieux sauter ? La Fed relèvera sans doute l'objectif des fonds fédéraux d'un quart de point à son prochain conseil, le 20 août. Elle aurait d'ailleurs sans doute dû le faire cette fois-ci. Mais les autorités monétaires espèrent toujours que la croissance ne dépassera pas les 2 % pour le second semestre. Or les économistes tablent plutôt sur 3 % de croissance. Y a-t-il des raisons plus politiques à la décision de la Fed ? Alan Greenspan est un homme modéré. Et les derniers indices d'inflation ont été plutôt sages. C'est vrai aussi que le président de la Fed préfère expliquer les choses avant d'agir. N'ayant pas remonté les taux cette fois-ci, il pourra donc se présenter le 18 juillet devant le Congrès, pour son allocution biannuelle, et expliquer pourquoi les taux doivent être relevés. Cela se passe effectivement à Washington, devant des politiciens qui, en période électorale, ont peur qu'une trop forte remontée des taux ne tue la reprise. Jusqu'où voyez-vous les taux remonter ? Je pense que l'objectif des fonds fédéraux se situera 1 point au-dessus de ce qu'il est actuellement, soit à 6,25 % à la fin de l'année, et qu'il grimpera à 6,50 % durant le premier semestre 1997. Que sera le rendement des emprunts d'Etat à trente ans à ce moment-là ? Les rendements à trente ans ne resteront pas longtemps au-dessous de 7 %, comme ils le sont actuellement. Ils se tendront à 7 %-7,50 % dans les semaines qui viennent. En général, et cela s'est vérifié sur les quatre derniers changements d'attitude de la Fed, quand elle est passée de neutre à restrictive, les rendements se tendent dans les mois qui suivent une telle décision. Les marchés n'apprécient pas les remontées de taux, puisque cela signifie que, non seulement selon eux, mais aussi selon la Fed, l'économie repart trop vite et que le risque inflationniste reprend de la vigueur. Mais je table sur des taux à trente ans à 7,40 % à la fin de l'année 1996 de même qu' au premier semestre 1997. Quel impact pourrait avoir une tension des taux longs américains sur les marchés obligataires européens ? Il y aura une déconnexion de plus en plus forte entre les marchés de taux américains et européens. Pendant ce temps, le dollar pourrait s'apprécier. L'objectif reste toujours le même : 1,60 mark pour la fin 1996. Propos recueillis par Lysiane J. BAUDU
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