STIMULANTS + Le thé victime des conséquences d'El Niño

Le marché du thé s'annonce tendu en 1997. C'est le message que fait passer la FAO, alors que se retrouve à Bali la majorité des professionnels du thé. Les experts de la FAO affirment que « l'offre mondiale de thé pour 1997 devrait être inférieure à la récolte record de 1996 ». Elle s'établissait à 2.691 millions de kilos. Du coup, « les prix mondiaux devraient se tendre ». Les brokers londoniens sont plus précis dans leurs estimations. Pour Tim Clinton, de la maison de négoce Wilson Smithett, « les prix devraient progresser de 10 % à 15 % cette année ». Et d'autres traders anticipent un gain de 17 %. Cette tension sur l'offre repose sur les mauvaises conditions climatiques qui prévalent chez les producteurs d'Afrique de l'Est et de l'Asie des moussons. De l'avis des brokers britanniques, le principal fautif semble être El Niño, ce phénomène météorologique qui apparaît de manière cyclique dans le Pacifique Sud. Ses effets se font sentir dans une zone englobant les océans Indien et Pacifique. En Afrique de l'Est, constate-t-on chez Wilson Smithett, « la collecte de thé au Kenya sur les cinq premiers mois de 1997 est inférieure de 30 % au niveau attendu de production. On est parti sur un trend de 200 millions de kilos pour 1997 contre 260 millions en 1996 ». La sécheresse affecte aussi les zones de production de l'Ouganda, du Rwanda, du Burundi et la partie septentrionale de la Tanzanie, résume la FAO. En Asie, c'est un trop-plein d'eau qui affecte la collecte au Sri Lanka. « Sur les cinq premiers mois de l'année, la cueillette a reculé de 5,5 %. » La tendance pourrait cependant se redresser au second semestre, estiment quelques traders. Sur le fond, cependant, « le mouvement actuel de hausse des cours est un trompe-l'oeil qui occulte les vrais problèmes », remarque Illty Lewis, le président du Conseil britannique du thé. Course à la productivité. A l'exception des Etats-Unis, où la consommation de thé aurait été multipliée par trois en 1996, la demande recule un peu partout dans le monde. « La génération Coca-Cola ne boit plus de thé, constate un broker britannique. Surtout, un peu partout dans les pays traditionnellement consommateurs l'évolution des modes de vie pénalise la demande en thé. Cette boisson a besoin de temps pour infuser. » A cela se greffe la surproduction. « En dépit de la hausse, les cours du thé, constate Illty Lewis, ne couvrent pas les coûts de production chez les planteurs. Une course à la productivité s'engage. Elle passe, quoi qu'on en dise, par une augmentation de la production, et donc de l'offre. » Cette fois, la menace est prise réellement au sérieux. Les producteurs de thé évoquent, désormais, la possibilité de créer une Association internationale du thé dont l'un des objectif serait de réguler l'offre. Une première. Guy-André Kieffer
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