Des procédures de contrôle montrées du doigt

Véritable nerf de la guerre compte tenu des volumes de transactions gérés chaque jour dans les salles de marché, la fiabilité des procédures de contrôle des risques et la sécurité des systèmes informatiques des banques sont depuis la fin de semaine dernière sur toutes les lèvres. Le fait que la Société Générale, une banque pourtant réputée avoir l'un des systèmes de contrôle les plus performants au monde, ait pu laisser l'un de ses jeunes traders construire à son insu une position de 50 milliards d'euros sur le marché des contrats à terme sur indices boursiers laisse la communauté financière pantoise. " Quand les banques finiront-elles par comprendre qu'il faut impérativement séparer les postes de front-office et de back-office ", pestait jeudi à chaud un banquier parisien en apprenant que Jérôme Kerviel, soupçonné d'être à l'origine de la perte de 4,9 milliards d'euros, était passé par les fonctions support de la banque avant d'être nommé trader. L'onde de choc de cette affaire est telle que la classe politique est montée au créneau. Dès jeudi, Christine Lagarde, la ministre de l'Économie et des Finances, a demandé à la Commission bancaire, l'autorité française de régulation des banques, de procéder à des " contrôles additionnels ".Interrogé lundi par la radio BFM, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, s'est exprimé pour une séparation plus stricte entre les traders qui interviennent sur les marchés financiers et les services de back-office des banques chargés de vérifier et de valider leurs opérations." DEVOIR PERMANENT DE VIGILANCE "Les députés n'ont pas tardé à leur emboîter le pas. Frédéric Lefebvre, député des Hauts-de-Seine, a de son côté estimé qu'une vérification " des systèmes de contrôle de toutes les banques " était nécessaire. La commission des Finances de l'Assemblée nationale va d'ailleurs lancer dans les prochains jours une nouvelle série d'auditions pour tirer tous les enseignements de la crise financière et bancaire qui sévit depuis maintenant six mois. Pour son président, Didier Migaud, député d'Isère, cette perte de 5 milliards d'euros révélée par la Société Générale oblige à renforcer les contrôles financiers : " On se demande pourquoi les mécanismes de contrôle n'ont pas joué comme ils auraient dû jouer, s'interrogeait-il hier sur France Info. Il est indispensable de pouvoir identifier là où il y a eu défaillance. Les produits financiers sont devenus d'une telle sophistication qu'il est aujourd'hui difficile d'identifier le risque et d'établir sa traçabilité. "Pour le moment, les autres banques françaises restent très discrètes. Interrogés par La Tribune sur une éventuelle remise à plat de leurs procédures de contrôle, Natixis et BNP Paribas n'ont pas souhaité s'exprimer à ce stade sur le sujet. " En septembre, nous avons annoncé une perte de 230 millions d'euros aux Etats-Unis. Nous avons tiré les enseignements de cet épisode sur nos procédures de contrôle des risques, indique en revanche un porte-parole de Calyon. Cette affaire nous rappelle à notre devoir permanent de vigilance. " Mais la mobilisation politique les obligera certainement à sortir de leur réserve.
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