Les investisseurs contestent les revenus des patrons américains

Dépréciations, pertes, abandon de dividendes, chute des cours : les actionnaires de Corporate America ont de multiples raisons d'être en colère à l'approche de la saison 2008 des assemblées générales. Ces investisseurs sont de plus en plus nombreux à contester le niveau de rémunération des dirigeants des entreprises dans lesquelles ils ont investi avec plus ou moins de bonheur. Et ils sont organisés : un réseau regroupant près de 70 investisseurs institutionnels et particuliers a été formé autour de la société de gestion Walden Asset Management et de l'AFSCME (American Federation of State, County and Municipal Employees), qui représente 1.000 milliards de dollars d'actifs gérés pour les pensions de fonctionnaires. Selon eux, des résolutions visant à réduire la rémunération des dirigeants - ou à l'aligner sur la performance du groupe qu'ils pilotent - seront soumises au vote des actionnaires dans environ 90 entreprises dans les mois qui viennent, soit une quarantaine de plus que l'an dernier.Certaines de ces sociétés sont prestigieuses, la plupart des établissements de Wall Street sont dans la ligne de mire d'investisseurs dépités par la crise du subprime (Citigroup, Bear Stearns, Merrill Lynch, etc.), tout comme les sociétés liées de près ou de loin aux secteurs de l'immobilier et du bâtiment (Countrywide Financial, Home Depot). Mais les émoluments de directeurs généraux de grandes valeurs industrielles (Coca-Cola, Motorola, Northrop-Grumman, etc.) se trouvent aussi sur la sellette.VIDE JURIDIQUEPour l'instant, ces actionnaires protestent sans pouvoir s'appuyer sur un cadre juridique. En avril dernier, la Chambre des représentants a voté un projet de loi les autorisant à déposer une résolution " non contraignante " sur la paye des dirigeants en assemblée générale. Après que Merrill Lynch a dévoilé avoir versé une indemnité de 161,5 millions de dollars à Stanley O'Neal lors de son départ précipité de l'établissement, Christopher Dodd, le président de la commission bancaire du Sénat, a déclaré qu'il envisageait de soutenir un texte analogue à la chambre haute du Congrès. Ce vide juridique n'empêche pas les révoltés de faire entendre leur voix, parfois avec l'appui d'activistes.À l'approche des assemblées générales, des enquêtes viennent d'être publiées, qui procureront des arguments aux insurgés. D'après le cabinet Heidrick & Struggles International, 32 % des membres de conseils d'administration d'entreprises américaines considèrent que la paye de leur directeur général " est dans la plupart des cas trop élevée ". Ils n'étaient que 25 % à porter un tel jugement en 2001.Une autre enquête réalisée par le consultant Watson Wyatt a révélé à la fin janvier que 31 % des grandes entreprises américaines n'avaient pas l'intention de dévoiler les objectifs de performance fixés à leur état-major en 2008. Mais 42 % le feront, peut-être grâce au concours des autorités fédérales. Au début 2008, le gendarme des marchés financiers (Securities and Exchange Commission) a relancé une majorité des 350 entreprises auxquelles il avaitdemandé de révéler la façon dontelles fixaient ces rémunérationsl'an dernier.
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