Le "non" des marchés lancé à Rosneft

Il se nomme Piotr Kotoff. Et s'apprête à prendre, selon le quotidien Kommersant, la tête des relations publiques pour Rosneft. Lourde tâche. Car c'est un véritable front du refus qui s'organise dans la communauté financière à l'encontre de la cotation en Bourse de Rosneft.Hier, le très écouté George Soros a ainsi indiqué que la cinquième plus importante mise en Bourse de l'Histoire ne fera que légitimer les tentatives de la Russie de dominer le marché mondial de l'énergie. " Cette opération ne devrait pas être autorisée " s'est élevé l'ancien gourou des financiers. Autre figure des marchés, Mark Mobius, qui officie pour Templeton, a fait savoir qu'il ne souscrirait pas aux 11 milliards de dollars de titres mis en vente à Londres et Moscou. " Je dispose de 2.500 sociétés dans lesquelles je peux investir de par le monde, au niveau actuel des marchés, pourquoi prendre un tel risque sur la Russie ? " s'interroge, de son côté, Virginie Maisonneuve, responsable des actions internationales chez Schroders à Londres."Spoliation." L'image de Rosneft reste troublée par " l'affaire " Ioukos. Les associés en exil de Mikhaïl Khodorkovsky - le dirigeant de ce groupe pétrolier renationalisé de force est aujourd'hui emprisonné en Sibérie - promettent une guerre judiciaire sans pitié au bras pétrolier du Kremlin. Selon eux, l'ordre de mise en vente par la justice russe de " leurs " principaux gisements fin 2004 - officiellement en raison d'arriérés fiscaux - puis leur transfert au sein de Rosneft, qui en tire maintenant les sept dixièmes de sa production, s'apparente à une " spoliation ". Ceux-ci tentent de faire condamner l'État russe - ou Rosneft - à... 33 milliards de dollars d'indemnisation. " Cette opération reflète les nouvelles valeurs exportées par la Russie, la gouvernance d'entreprise version Kremlin, martèle de son côté Robert Amsterdam, avocat de Mikhaïl Khodorkovski, l'objectif reste d'intimider les banques et les investisseurs afin que ceux-ci souscrivent, à un prix ridicule, à la mise en Bourse d'actifs volés ".Au sein de la communauté financière, la défiance affichée reflète un calcul comptable autant qu'une posture morale. Rosneft espère être valorisé entre 60 et 80 milliards de dollars en Bourse, soit un tiers de plus que Loukoil, pourtant la première " major " russe. Ce qui signifie que l'accès à chacun des barils en réserve dans ses gisements de Rosneft coûterait jusqu'à 7 dollars aux investisseurs, contre environ 3 dollars par baril pour ceux de Loukoil.Soutien de poids. Quel que soit l'accueil reçu sur les marchés, le placement disposera d'un soutien de poids, la China National Petroleum envisageant d'y souscrire à hauteur de 3 milliards de dollars. " Ceux-ci se soucient plus de s'offrir une place à la table du pétrole russe que de la rentabilité de leur placement ", tranche Robert Amsterdam.Moins virulents sont les banquiers d'affaires d'ABN-Amro, Dresdner KW, JP Morgan et Morgan Stanley organisant la mise en Bourse. Et pour cause : ces derniers se partageraient 120 millions de dollars d'honoraires. " J'ai écrit une lettre à Dresdner et ABN-Amro en leur demandant comment il était possible de participer à une telle offre pour des groupes si soucieux de leur image, poursuit Robert Amstardam, je n'ai reçu qu'un démenti rapide... "
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