L'attrait spéculatif d'Ubisoft renforcé par son avertissement

La sanction a finalement été moins sévère que redouté. Malgré l'ampleur de l'avertissement sur résultats lancé jeudi soir par Ubisoft ("La Tribune" du 27 janvier), l'éditeur de logiciels n'a chuté "que" de 6,47 % vendredi, à 35,10 euros, limitant les dégâts après un creux de plus de 10 % en début de séance. C'est l'attrait spéculatif de la valeur qui a joué son rôle d'amortisseur. Selon l'analyste d'Oddo Midcap, la valorisation de la société est "uniquement soutenue par la présence d'Electronic Arts au capital". Le groupe américain, numéro un mondial des jeux vidéo, détient depuis un peu plus d'un an 19,77 % du capital d'Ubisoft. Et se verrait bien aller plus haut. Ce qui, avec quelque 2,2 milliards de dollars dans les caisses, ne lui poserait aucun souci financier.Or si jusqu'à présent Ubisoft a su parfaitement contenir cet actionnaire encombrant, il apparaît aujourd'hui plus fragilisé. L'avertissement sur résultats a lézardé un pan de sa stratégie de défense. Yves Guillemot, président et premier actionnaire avec ses frères de l'éditeur de jeux, aimait rappeler que, compte tenu de la prévision d'un chiffre d'affaires de 600 millions cette année et d'une croissance de 20 % en 2006-2007, les actifs de la société pouvaient être valorisés 52 euros par action. Le prix de l'indépendance. Aujourd'hui, après le profit warning et en prévisions d'un flottement du marché au cours des prochains mois (les ventes mondiales de jeux pourraient baisser de 5 % cette année selon Merrill Lynch), la valeur des actifs a changé. Désormais vendeur de l'action, Oddo Midcap a fixé son nouvel objectif de cours à 23 euros, contre 44,60 euros auparavant, en fonction de la "séquence bénéficiaire et non plus d'une valorisation d'actifs".Atouts. Et si les analystes de Citigroup sont restés à l'achat avec un objectif maintenu à 50 euros, c'est notamment en raison de cet aspect spéculatif. Selon eux, "il existe moins d'une douzaine d'acteurs significatifs dans cette industrie, ce qui signifie que les valorisations devraient intégrer une prime de rareté, non encore intégrée aux cours actuels". Compte tenu de la qualité de son portefeuille de jeux vidéo, mais aussi de sa participation de près de 20 % dans sa filiale de jeux en ligne Gameloft, un secteur en pleine explosion, Ubisoft figure logiquement dans le haut du panier. Des atouts qui pourraient aussi séduire des groupes de médias de plus en plus tentés de se diversifier dans les jeux vidéo. Le passage à vide actuel pourrait donc faire bouger les choses plus rapidement que prévu.Olivier Pinaud
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