Édition- audiovisuel« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. » Cette réplique de l'oncle de Peter Parker, alias Spider-Man, dans le film de 2002 narrant les aventures du célèbre tisseur de toile, résume la charge qui incombe à Walt Disney Co. Le 31 décembre, les actionnaires de Marvel Entertainment ont approuvé le rachat de leur société par un leader mondial du divertissement pour 4 milliards de dollars. Disney a ainsi pris le contrôle d'une icône de la culture populaire qui, au cours de ses soixante-dix années d'histoire mouvementées, a créé 5.000 personnages de bande dessinée, dont certains, tels Iron-Man et les X-Men, ont connu la consécration au cinéma.Dès l'annonce de ce rachat à la fin août, les fans de Marvel s'affolent : le géant des médias, célèbre pour ses productions familiales, préservera-t-il la culture de la maison qui a révolutionné l'art de la BD ? « Ce ne sont pas uniquement ses personnages et leurs histoires que nous achetons mais une équipe dont nous respectons la créativit頻, déclare Bob Iger, le directeur général de Disney. Les fans craignent qu'Isaac Perlmutter, le patron de Marvel, n'ait pas tant accepté cette fusion pour les synergies promises que pour le gain qu'il en tirera : à la tête de 37 % du capital de Marvel, Perlmutter va empocher 1,4 milliard de dollars.Des analystes dédramatisent et jugent qu'en s'adossant à une solide multinationale Marvel connaîtra enfin la stabilité. En octobre 1939, paraît la première publication de la société alors appelée Timely Comics, dans laquelle figure la « Torche humaine ». Elle a été fondée à New York par Martin Goodman, un éditeur de « pulps », ces magazines de fiction peu coûteux alors populaires. Son objectif : profiter de l'engouement naissant pour les super-héros, dont Superman, créé en 1938 par DC Comics, l'adversaire contre lequel Marvel continue à se mesurer au XXIe siècle. La société connaît le succès en 1941 avec la première aventure de Captain America, s'écoulant au-delà du million d'exemplaires par mois. Le personnage a été créé par Jack Kirby, génial illustrateur qui, avec le rédacteur en chef des magazines, Stan Lee, inventera une multitude de héros dont Hulk.Dans les années 1950, la popularité des super-héros décline mais l'éditeur rebondit en 1961 en lançant les « Quatre Fantastiques », une réplique à « la Ligue de Justice » de DC Comic, puis Spider-Man en 1962. Marvel campe ses héros dans un monde réel, des villes américaines des années 1960. Leur alter ego humain partage les problèmes de ses jeunes contemporains. Malgré son succès, Martin Goodman cède l'entreprise en 1968 à Perfect Film and Chemical qui, dans les années 1970, procède à son internationalisation. Avec les années 1980, elle entre dans une zone de forte turbulence. En 1981, Marvel acquiert le studio d'animation DePatie-Freleng. Le nouvel ensemble est repris en 1986 par New World Pictures puis par le financier Ron Perelman en 1989. Celui-ci l'introduit en Bourse en 1991 et tente de créer un conglomérat autour de la marque Marvel à force d'acquisitions (éditeurs de BD, un fabricant de cartes à jouer?). Mais il dépose le bilan en 1996. En 1997, Isaac Perlmutter et d'autres dirigeants de la filiale de jouets Toy Biz prennent le contrôle. Ils cèdent les actifs non stratégiques et réintroduisent la société en Bourse. Marvel deviendra, grâce aux accords de licence passés avec des majors dont Paramount, un géant des médias. Avant son rachat par Disney, le groupe a réalisé en 2008 un chiffre d'affaires record de 676 millions de dollars. Éric Chalmet, à New York.

latribune.fr

01 Jan 2010, 1:44

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