Les sociétés de gestion doivent repenser leur métier

gestion d'actifsAprès des années de croissance à deux chiffres, la crise est venue rappeler aux professionnels de la gestion d'actifs que ce n'était pas une activité sans risque, qu'elle pouvait consommer des fonds propres et ne pas être rentable. Les études des cabinets de consultants indiquent une baisse significative des encours globaux et des revenus. Pour le Boston Consulting Group (BCG), les actifs sous gestion ont chuté de 18 % à 46.000 milliards de dollars entre 2007 et 2008. Mécaniquement, cela a pesé sur la rentabilité des sociétés de gestion, tombée à 34 % des revenus nets fin 2008 contre 38 % un an plus tôt. Et le BCG estime, dans le meilleur des scénarios et malgré une remontée des marchés d'actions, que l'industrie ne retrouvera pas ses niveaux précrise avant 2012, en termes d'encours, de revenus et de marges opérationnelles.économies d'échelleLa profession s'est adaptée dans la douleur. Les sociétés de gestion ont d'abord réduit leurs coûts en licenciant, ou en réduisant les bonus en moyenne de 31 %. Des établissements ont cédé tout ou partie de leur activité de gestion d'actifs. Des fusions ont eu lieu pour réaliser des économies d'échelle. Ce mouvement de concentration a notamment permis à BlackRock de devenir le plus grand gérant au monde en rachetant Barclays Global Investors pour 13,5 milliards de dollars. Le secteur s'est industrialisé, le rapprochement entre Caam et Sgam a d'ailleurs été présenté comme un « accord industriel ». Mais malgré la course à la taille, la bipolarisation de l'industrie perdure avec d'un côté de grands acteurs et de l'autre des maisons spécialisées.Pour les plus optimistes, cette crise oblige les acteurs à repenser leur modèle et surtout l'approche de leur métier, notamment sur les questions de contrôle des risques et de déontologie. Principal défi : regagner la confiance des clients. Pour cela, il faut les replacer au centre des préoccupations, écouter leur besoin et leur proposer des produits simples, compréhensibles. Cela nécessite sans doute un développement de l'architecture ouverte, qui permet d'avoir accès à des fonds externes pour mieux répondre à leurs demandes. De même, les relations entre fournisseurs et distributeurs doivent être plus transparentes notamment sur la question de la rémunération et du coût du conseil.une facture à payerDans ce contexte, et toujours dans un souci de protection des épargnants et de retour à la confiance, les autorités européennes sont intervenues en proposant, entre autres, une directive sur les produits de gestion alternative, une réforme des fonds monétaires, et de la fonction de dépositaire. Tout le monde est d'accord pour mieux encadrer cette industrie, reste à savoir qui paiera le coût des réformes. Thierry Serrouy
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