Cette liste noire qui entretient la confusion sur le contrôle des médicaments

« Toutes les informations doivent être accessibles », avait décrété Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, en annonçant, en marge du rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur le Mediator, qu'il avait demandé à l'Agence française de sécurité sanitaire (Afssaps) de lui indiquer les 76 médicaments « sous surveillance » en France. La liste publiée ce lundi répond à cette demande. Mais elle ne semble guère de nature à améliorer la lisibilité du système. D'abord parce que les critères choisis pour la dresser sont complexes. Les 77 médicaments - et non 76 au final - sont ceux « qui font l'objet d'un suivi renforcé de pharmacovigilance », c'est-à-dire coordonné par l'un des centres de pharmacovigilance hexagonaux. N'y figurent finalement que 43 des 59 produits soumis à un « plan de gestion des risques », autre outil réglementaire qui inclut des études et une campagne d'information après la commercialisation d'un médicament. Ensuite, parce qu'à ces 77 médicaments, l'Afssaps a ajouté 12 classes thérapeutiques (« familles » de médicaments) elles aussi particulièrement surveillées, soit plus d'une soixantaine de produits supplémentaires - sans compter leurs génériques. Ce sont donc plus de 130 spécialités qui sont recensées. « On touche aux limites de la transparence : beaucoup de gens ont envie de savoir, mais il ne faut pas que cela les incite à arrêter leur traitement », a concédé Fabienne Bartoli, adjointe du directeur général de l'Afssaps.Concrètement, la liste doit conduire « à la suspension, au retrait ou à des restrictions d'indications ou de prescriptions ». Le retrait du marché du Di-Antalvic et du Propofan le 1er mars est confirmé. Concernant le vasodilatateur Fonzylane (molécule buflomédil), pointé par la revue « Prescrire », il pourrait être retiré « d'ici deux à trois semaines » mais la procédure contradictoire avec le laboratoire, l'américain Caphalon, n'a pas encore eu lieu. Le Noctran, contre les troubles du sommeil fait l'objet d'une « proposition de retrait ». « La balle est dans le camp de l'Afssaps, mais le sujet est en discussion depuis longtemps » complète Thierry Poiraud, patron France de Menarini, le fabricant du Noctran. L'Afssaps va aussi s'attaquer à la pilule antiobésité Alli, qui fait débat depuis son lancement en 2009, et à l'antidiabétique Actos du japonais Takeda. Une litanie qui fait des sceptiques. « Après les ratés du Mediator, on a le sentiment d'assister à un rattrapage : on sort tous les dossiers des placards », tacle un bon connaisseur du secteur. De son côté, le Leem, le syndicat patronal des laboratoires pharmaceutiques, s'est dit « favorable à un Sunshine Act [loi de transparence, Ndlr] à la française ». Il va aussi se doter d'un comité d'alerte constitué de collaborateurs extérieurs, dans le but d'« améliorer [son] propre système de gouvernance ». Audrey Tonnelie
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