Les débordements inflationnistes dans la zone euro soutiennent la monnaie unique

Le marché des changes a bien eu un petit coup d'adrénaline qui a fait resurgir l'aversion au risque, face à la montée des tensions dans le monde arabe. À défaut de casser l'élan retrouvé de l'euro face au billet vert, traditionnelle valeur refuge en temps de crise, la plus grande frilosité des investisseurs l'a un moment interrompu. Après avoir poussé une pointe à plus de 1,3750 la semaine dernière, la monnaie unique était retombée en dessous du seuil de 1,36 dollar en début de séance lundi. Mais l'euro a vite reconquis la majeure partie du terrain perdu à l'annonce d'une accélération plus forte que prévu de l'inflation dans la zone euro en janvier. Mises en garde de la BCESelon la première estimation d'Eurostat, la hausse des prix ressort à 2,4 % en glissement annuel dans les dix sept pays de la zone, contre 2,2 % en décembre et un consensus de 2,3 %. L'objectif de la Banque centrale européenne, qui rendra jeudi son verdict de politique monétaire, est de contenir la hausse des prix en dessous de 2 % et ses mises en garde contre la montée du péril inflationniste ont été légion depuis quinze jours. Au point que nombre d'observateurs ont cru déceler les prémisses d'une tentation de hausse prochaine des taux si l'inflation ne rentrait pas rapidement dans le rang, comme cela avait été le cas en juillet 2008, dans un contexte analogue de tensions sur les matières premières. Il y a un baromètre des anticipations qui ne trompe pas : le taux de l'Euribor trois mois, le taux de référence du marché interbancaire de la zone euro, s?est retrouvé propulsé lundi à plus de 1,07 %, à comparer au taux de refinancement, le principal taux directeur de la BCE, de 1 %. C'est son niveau le plus élevé depuis le 1er juillet 2009. Le taux au jour le jour de la zone euro, l'Eonia, est, lui aussi, dans une phase ascendante, puisqu'il se négocie au-dessus de 1 % depuis une semaine, alors qu'il stationnait autour de 0,40 % depuis le début de l'année. Même s'il est impensable que la BCE durcisse sa politique monétaire sans avoir préparé les marchés - dont on connaît la susceptibilité - à la remontée de son taux directeur, l'idée d'un tour de vis monétaire fait lentement mais sûrement son chemin. Jusqu'à une époque très récente, les économistes s'attendaient à un statu quo monétaire tout au long de 2011. Mais Jean-Claude Trichet avait lui-même indiqué à la fin de l'année dernière qu'une hausse des taux de la BCE qu'il préside était envisageable même dans le cadre du maintien des mesures exceptionnelles d'octroi de liquidités aux banques, qui ont été prorogées jusqu'en avril.
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