La Commission européenne tente de doper les cours des quotas de CO2 en réduisant l'offre

Ce n'est qu'un ballon d'essai, mais il dope déjà les cours du CO2. Dans un document temporaire (draft) intitulé « Trajectoire pour une économie peu émettrice d'ici 2050(*) », la Commission européenne propose de « mettre de côté » entre 500 et 800 millions de quotas. Une hypothèse qui a fait grimper la tonne de CO2, qui a frôlé les 15 euros, à 14,86 euros lundi sur Bluenext, de 3 % en 10 jours. L'objectif de la Commission Européenne est d'infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre en Europe. Or, selon son analyse, il faut pour cela accélérer le rythme des investissements « verts », et durcir les objectifs de réduction d'émissions. La cible actuelle (- 20 % d'ici 2020 par rapport à 1990) serait insuffisante pour parvenir sans encombre à l'étape d'après, soit - 80 % à en 2050. Escalade des cours possibleLa Commission propose donc non pas de modifier, mais de durcir les règles du marché du carbone. Entre 2008 et 2012, trop de quotas ont été alloués aux industriels, dont l'activité a parfois fortement ralenti, comme celle des cimentiers ou des sidérurgistes. S'ils en ont profité pour améliorer leur résultat opérationnel ces deux dernières années, ils risquent d'en être pour leurs frais d'ici deux ans. Car si ce trop-plein était retiré du mécanisme, l'escalade des cours serait inéluctable.Selon l'analyse de Mark Lewis à la Deutsche Bank, l'exclusion de ces quotas pourrait doper les cours entre 25 et 37 euros par tonne, les producteurs d'électricité optant dans ce cas massivement pour la construction et l'utilisation de centrales à gaz plutôt que d'avoir recours au charbon très émetteur de CO2.«Pour que le mécanisme joue pleinement son rôle, il faut à la fois que le prix du carbone soit suffisamment élevé et prévisible à long terme» assure le rapport. À l'inverse, le lobby des sidérurgistes estime que la mise au placard de quotas conduirait à la désindustrialisation de l'Europe. « Confisquer des quotas aura exactement les mêmes effets que d'adopter un objectif de - 30 % en 2020, ce qui est inacceptable », s'insurge Gordon Moffat, directeur général d'Eurofer. Un lobbying intense devrait avoir lieu cette semaine, avant l'échéance du 8 mars, date à laquelle la Commission présentera officiellement le document au Parlement à Strasbourg. (*) A Roadmap for Moving to a Low-Carbon Economy in 2050.
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