Le secteur bancaire irlandais entièrement nationalisé

La descente aux enfers n'en finit pas : pour la cinquième fois en deux ans et demi, les banques irlandaises vont devoir être recapitalisées. Le résultat des « stress tests », ordonnés lors du plan de sauvetage et présentés ce jeudi par la banque centrale irlandaise, est sans appel : il faut injecter 24 milliards d'euros supplémentaires. Avec ce chiffre, la facture totale du sauvetage des banques atteint 70 milliards d'euros, soit 55 % du PIB. « C'est l'un des plans de sauvetage bancaire le plus cher de l'histoire », reconnaît Patrick Honohan, le gouverneur de la banque centrale d'Irlande.Les banques irlandaises étant incapables de lever ces nouveaux fonds elles-mêmes, l'argent viendra du gouvernement. Cela signifie donc que les deux dernières banques qui avaient échappé partiellement au contrôle de l'État (Irish Life & Permanent et Bank of Ireland) vont être largement nationalisées. Si elles restent cotées en Bourse, l'État en possédera plus de 50 %. Trois ans après le début de la crise, le gouvernement irlandais se retrouve donc au contrôle de l'ensemble des six banques irlandaises !Ce chiffre de 24 milliards d'euros est cependant un demi-soulagement : il ne dépasse pas la somme maximum de 35 milliards d'euros qui était prévue pour les banques lors du plan de sauvetage, signée avec l'Union européenne et le FMI en novembre. Il n'en est pas moins inquiétant : seuls 10 milliards devaient être initialement débloqués, le reste étant en principe des réserves.Ces nouvelles recapitalisations s'accompagnent d'une grande restructuration du secteur bancaire autour de deux « piliers ». Le premier est Bank of Ireland, l'une des banques qui a le moins souffert. Le deuxième, et c'est la surprise de cette annonce, est la fusion forcée d'Allied Irish Bank et de EBS Building Society.Risque de panique trop fortLe gouvernement leur impose cependant un vaste programme d'amaigrissement. Les banques devront se recentrer sur l'Irlande, et fortement réduire leur taille : elles devront fermer ou vendre pour 63 milliards d'euros d'actifs d'ici à 2013.Dernier point essentiel enfin : le gouvernement a finalement décidé de ne pas en appeler à faire payer les détenteurs d'obligations « seniors ». Après avoir visiblement hésité, il a visiblement jugé que le risque de provoquer une panique était trop fort. Ce recul a provoqué un intense débat au Parlement irlandais.Ces annonces suffiront-elles à rassurer les marchés ? C'est loin d'être certain. « Il n'y a pas de solution instantanée, prévient Gavin Blessing, analyste obligataire à Collins Stewart. Cela prendra des trimestres, ou même des années, avant que ces banques ne puissent se financer elles-mêmes. »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.