L'impartialité commerciale de Google mise en cause

Il ne s'agit pour l'heure que de mesures conservatoires en attendant une décision au fond, mais c'est déjà une petite bombe. L'Autorité de la concurrence a rendu mercredi une décision à l'encontre de Google à la suite d'une plainte déposée début 2010 par Navx, société qui commercialise par Internet la position des radars routiers (fixes et mobiles) ainsi que les stations services et le prix des carburants. Navx, qui avait largement recours aux liens sponsorisés, ces liens commerciaux qui s'affichent en fonction des recherches des internautes, accusait Google de l'avoir black-listé en novembre 2009 sans véritable préavis.Le gendarme de la concurrence, qui ne devrait pas trancher l'affaire au fond avant le printemps 2011, a considéré que la gravité des faits justifiait des mesures conservatoires. Google a cinq jours pour rouvrir le compte Adwords de Navx, c'est-à-dire son compte client à partir duquel la société achète des mots-clés. Et quatre mois pour clarifier les conditions dans lesquelles il peut suspendre le compte Adwords d'un annonceur et expliciter la portée de son règlement sur les dispositifs de contournement des contrôles routiers. Car c'est en invoquant ce règlement interdisant la publicité de ces dispositifs que le moteur de recherche a justifié la sanction et l'éviction de son client Navx.Sérénité de GoogleGoogle France se veut serein. Une porte-parole rappelle qu'une « décision définitive doit encore être rendue et nous sommes confiants quant à son issue positive ». Mais les attendus de la décision de l'Autorité de la concurrence sont sévères et ouvrent plutôt le chemin à une sanction, « dans l'état actuel de l'instruction ».Les gendarmes de la rue de l'Echelle estiment en effet que la suspension du compte client de la start-up, aujourd'hui en difficulté, n'a pas été précédée de mises en garde claires reposant sur un règlement transparent. Ils dénoncent ainsi des « pratiques non objectives et non transparentes ». Navx, qui était au cours des neuf premiers mois de 2009 l'un des 12 premiers annonceurs de Google en France sur le segment des produits de consommation technologiques, avait des entretiens réguliers avec des commerciaux du moteur de recherche pour « améliorer la performance de ses campagnes ». Navx qui a dépensé plus de 700.000 euros en achats de mots-clés Google entre 2008 et 2009 était devenu très dépendante. Entre 60 % et 83 % des ventes hors taxe de Navx, selon les mois, avaient pour origine un clic sur un mot clé acheté. La suspension du compte de la société pouvait ainsi être synonyme de condamnation commerciale. marché pertinentOr, facteur aggravant, l'instruction a relevé que Google a eu une attitude discriminatoire. Un constat d'huissier du 25 janvier 2010 révèle qu'il existait toujours sur Google des liens commerciaux de concurrents de Navx. La société SCDB a dû arrêter ses publicités en février 2010, « c'est-à-dire de manière concomitante à la saisine de l'Autorité de la concurrence », s'étonnent les magistrats. Au-delà de cette première décision sévère, l'institution présidée par Bruno Lasserre porte une première appréciation sur la situation de Google. Or, l'Autorité de la concurrence, saisie au début de l'année par le gouvernement, devra bientôt donner un avis sur la situation concurrentielle dans la publicité en ligne. Selon l'analyse concurrentielle menée pour instruire l'affaire Navx, « la publicité en ligne liée aux recherches est susceptible de constituer un marché pertinent ». En clair, un marché en tant que tel sur lequel des positions dominantes peuvent être examinées. Or, le document cite une décision de la Commission européenne de mai 2010, dans laquelle elle estime entre 90 % et 100 % la part de Google sur ce marché en France. Un signal qui devrait inquiéter le géant de l'Internet.700.000 euros C'est le montant dépensé par Navx, en achat de mots clés Google entre 2008 et 2009.
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