La cohabitation pourrait être un atout pour la Maison-Blanche

« Désormais, la responsabilité de gouverner est aussi la vôtre », déclarait le président Barack Obama à l'adresse des républicains, lors de son discours sur l'Etat de l'Union, mercredi dernier. Le président américain peut en effet être tenté de compter sur leur coopération pour stimuler l'économie et réduire le déficit budgétaire, les deux principaux objectifs affichés lundi. Car si la récente défaite électorale des démocrate pour le pourvoi du siège du sénateur Ted Kennedy prive de fait le président d'une majorité au Sénat, la victoire du Parti républicain engage aussi sa responsabilité dans la conduite des affaires. Ce dernier utilisera-t-il cette majorité de blocage pour ? précisément ? bloquer les textes que les démocrates voudront mettre au vote ? Peut-être. Mais ce serait alors courir le risque d'apparaître comme le parti du « No » systématique... Le président Obama n'a pas manqué, ces derniers jours, de réclamer un concensus, du moins sur les questions de l'emploi ou de la discipline budgétaire. Or si les républicains ont effectivement réussi à tirer parti de la colère d'une opinion publique, victimes de la crise économique et frustrée par un système washingtonien qui leur paraît fort éloigné de leurs préoccupations, ils savent aussi qu'un obstructionnisme systématique risquerait d'être mal perçu. Leurs propres électeurs, partagés entre les plus extrêmes ? ceux qui ont lancé le mouvement des Tea Parties, contre le plan de sauvetage des banques et la relance de l'économie à coup de milliards de dollars, et les conservateurs plus traditionnels, attendent plus qu'une simple rhétorique guerrière. À cet égard, ils peuvent se référer à la mésaventure de Newt Gingrich, leader de la majorité républicaine à la Chambre de 1994 à 1998. Celui qui proposait à l'époque un « contrat avec l'Amérique » avait rapidement changé de ton, adoptant un discours hystérique de domination, voué à l'échec.collaborationForts de ce souvenir, les républicains pourraient ne pas opter pour l'opposition systématique à Barack Obama et, au contraire, collaborer avec le Parti démocrate. D'ailleurs, au cours des récentes législatures, certains présidents ont relevé avec succès le défi de la cohabitation. Ainsi, Bill Clinton a réussi, après des « mid-term » de 1994 donnant la majorité à ses adversaires, à trouver un terrain d'entente avec eux, afin, notamment, de ramener le budget à l'équilibre sur les années suivantes. Aidé, il est vrai, par une conjoncture économique plus favorable. Clairement, en tout cas, Obama a senti le vent du boulet avec la défaite du Massachusetts et la perte du siège de Ted Kennedy au profit de ses adversaires. Il semble prêt, si l'on en juge par la tonalité de ses récents discours, à dialoguer avec l'opposition. Et alors qu'il avait promis aux Américains d'en finir avec les querelles partisanes à Washington, il pourrait mettre à profit son sens de la stratégie pour enfin le faire. Lysiane J. Baudu
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.