Le CAC 40, le temps et l'argent

Plus encore que leurs résultats 2009, c'est la situation financière des grands groupes français en fin d'année qui montre leur résilience. Tout se passe comme si nombre d'entre eux allaient sortir de la plus grave crise qu'ils ont connue plus solides qu'ils n'y étaient entrés. Si les salariés licenciés le vivront comme une provocation, il faut reconnaître que la majorité des champions français affichent aujourd'hui un bilan plus équilibré que l'an passé, et surtout une trésorerie pléthorique ! Bien sûr, la chute de l'activité n'y est pas étrangère : elle a pesé mécaniquement sur leurs achats et leurs stocks, sur le recours à l'intérim comme sur le renouvellement des CDD, donc sur leur besoin en fonds de roulement. Or la baisse du BFR reste un signe de moindre dynamisme de l'activité. Inversement, le BFR négatif de ceux qui sont assez puissants pour se faire financer par leurs fournisseurs - à savoir près de la moitié des champions du CAC 40 - se confirme être un fantastique bouclier anti-crise. Bref, quand tout va mal, c'est bien là que ça se joue. Et sur ce plan, face à une crise bancaire inédite, les dirigeants français ont fait preuve d'une grande réactivité. Conscients que les entreprises partent toujours de la caisse, ils ont gardé leur cash, gérant au mieux leurs stocks, traquant les petites et grandes économies, et différant les investissements qui pouvaient l'être. Et pour s'affranchir de banquiers qui ne les servaient plus ou profitaient de l'occasion pour accroître leurs marges, ils ont massivement levé des fonds en Bourse comme sur les marchés obligataires et repoussé l'échéance de leurs dettes. Mais s'ils ont cru nécessaire de se donner du temps, c'est aussi qu'ils doutent. Ils savent que la reprise n'est pas au coin de la rue. Et qu'avec l'explosion des dettes souveraines, l'ère de l'argent pas cher pourrait bien ne pas durer. C'est donc parce qu'ils sont moins optimistes qu'ils veulent être plus solides. En d'autres termes, ils ont redécouvert que le temps a une valeur et l'argent a un prix. Signe d'un retour vers une économie désendettée et assainie ? [email protected] parValérie Segond
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