La scène se passe dans un hôtel de Punta del Este, le Marbella uruguayen, où 1.500 chefs d'entreprise, en majorité argentins, ont été conviés à déjeuner. À la tribune, un petit homme rond, aux allures de paysan matois. « Venez investir chez nous, vous ne serez pas expropriés, ni accablés d'impôts ! La richesse est fille de l'investissement. Nous voulons des entreprises prospères. » Les convives boivent du petit-lait en entendant de tels propos de la bouche de José « Pepe » Mujica, président élu de l'Uruguay. Le déjeuner de Punta del Este, tenu deux semaines avant sa prise de fonctions, lundi 1er mars, témoignait de la conversion au libéralisme de cet ancien guérillero, leader du Frente Amplio (Front élargi), courant censé être le plus à gauche de la coalition. Sa candidature à la présidentielle avait fait frissonner les milieux d'affaires. Aujourd'hui, les entrepreneurs sont rassurés : l'accession à la présidence de Mujica ne devrait pas marquer de grands changements dans la politique économique de l'Uruguay. Tout indique que le nouveau chef de l'État mettra ses pas dans ceux de son prédécesseur, Tabaré Vázquez, représentant de l'aile modérée du Frente Amplio mais premier président de gauche du pays, qui n'a pas modifié les éléments de base du « modèle » uruguayen. Il est ouvert aux investissements étrangers et accueillant pour les capitaux de pays tiers, notamment argentins. Parallèlement, une politique sociale active a permis de relancer la consommation et de faire baisser la pauvreté. Résultat : le pays a connu une croissance de 5 % entre 2006 et 2009.Avec Fernando Lorenzo, un économiste de 50 ans, aux Finances, Mujica entend faire mieux que son prédécesseur. Il veut plus d'investissements, pour redistribuer plus, tout en renforçant l'efficacité de l'État. En visant en priorité les acteurs économiques argentins, de plus en plus méfiants à l'égard du gouvernement de leur pays.Jean-Louis Buchet, à Buenos Aire

latribune.fr

01 Mars 2010, 23:17

Partager :