Parcours de femme : Sophie Jullian

Il n'y a pas beaucoup de femmes dans le monde de l'énergie. Pourquoi y être entrée?? J'aime autant les lettres que les sciences. C'est la curiosité qui me motive et la créativité. J'aime en particulier le théâtre et la littérature par rapport au questionnement induit. La science conduit également à ce questionnement. Mais dans les sciences, les processus de sélection sont mieux maîtrisés. J'ai toujours aimé la chimie, la matière, les molécules. On est proche du vivant. Tous mes hobbies ont trait à la matière?: la peinture, la sculpture, l'architecture, le tissu.Je suis entrée à l'École supérieure de chimie de Lyon car la région est le centre historique de la chimie. La préparation de ma thèse de doctorat a été un élément important. Après les études, c'est le premier moment où on doit résoudre un problème sans en avoir forcément la solution. On apprend le doute et l'humilité.Toute ma carrière est tournée vers la matérialité et la conceptualité. Ma vision de la recherche est que les choses existent. La science permet de les représenter par des modèles. Et ces modèles, le chercheur peut les faire évoluer, créant de fait un monde virtuel. C'est l'expérimentation qui permet alors de revenir à la matérialité.Je suis entrée à l'IFP en 1983. L'IFP est un établissement public de recherche et de formation dans les domaines de l'énergie, des transports et de l'environnement. On y travaille en particulier sur les biocarburants, l'électrification des véhicules ou encore le captage et stockage du CO2. En fait, sur toutes les solutions d'avenir pour que l'humanité puisse faire face au double défi du XXIe siècle énergétique et climatique. J'ai d'abord travaillé sur la thermodynamique et sur les systèmes innovants pour élaborer de nouveaux carburants. En 1995, j'ai ainsi participé aux travaux sur l'essence sans plomb. En 2001, j'ai rejoint notre centre de Lyon pour diriger l'ensemble des activités relatives aux nouveaux procédés de transformation de la matière, une unité de recherche qui rassemblait plus de 200 chercheurs. À la fin 2007, j'ai pris en charge le développement de l'IFP en région Rhône-Alpes. J'ai été nommée vice-présidente du pôle de compétitivité Axelera Chimie Environnement. J'ai dans ce cadre monté des partenariats avec Rhodia, GDF Suez, Arkema, le CNRS et l'université de Lyon.L'IFP a cette capacité d'être une interface entre le monde industriel et le monde académique. Il accompagne en particulier les PME en utilisant son portefeuille d'innovations. On passe de la connaissance à l'application économique. Quelquefois, on est écartelés. Cela donne une force, une croyance, une envie, un engagement très fort.En tant que directeur scientifique, mon rôle est de développer et de mettre en valeur la qualité scientifique de nos travaux au regard des meilleures pratiques internationales. Il faut notamment incuber des concepts en rupture avec les grandes lignes de programmes. Nous devons faire du «?cocooning d'idées?», avoir à l'esprit des scénarios sur ce qui peut se passer à l'avenir et travailler avec d'autres instituts de recherche et des industriels. Je voudrais encore développer la porosité entre la recherche et l'industrie. Que chacun partage ses enjeux avec l'autre. On construit mieux quand on est différent. C'est même un gage d'efficacité et de richesse de production. C'est une conviction que j'ai beaucoup mise en pratique dans le cadre des pôles de compétitivité.La première curiosité qu'on doit avoir, c'est la curiosité à l'autre. La matérialité et la conceptualité sont indissociables. L'autre est un stimulus. L'autre vous met en mouvement !
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.