Les banquiers affirment financer l'économie... tout en prêtant de moins en moins

« Nous finançons l\'économie, c\'est notre rôle, nous l\'assurons pleinement ». Cette affirmation, les dirigeants des banques la répètent à satiété. Mais les chiffres tendent à prouver le contraire. Et certains banquiers, non des moindres, n\'hésitant à verser dans la contradiction, assument en fait cette évolution, assurant que l\'avenir est à la « désintermédiation ».On l\'a vu ce jeudi avec la présentation des résultats de la Société Générale pour le deuxième trimestre. Ceux-ci, en hausse, ont été applaudis par les marchés. Mais s\'ils tiennent à différents facteurs (fin des pertes liées à la crise financière, pression sur les coûts, conseil au financement des entreprises, à travers la banque de financement et d\'investissement), ils ne sont absolument pas liés à un financement direct de l\'économie, via une augmentation des prêts. Le volume de ceux-ci baisse. Notamment en France : au deuxième trimestre, l\'encours moyen des crédits était de 175,9 milliards d\'euros. Contre 176,6 milliards au deuxième trimestre 2012. Si l\'on tient compte de la hausse des prix, la baisse réelle atteint 2,4%.>> Lire aussi : Les banques françaises ont-elles encore peur de la dette? \"En France, dans la résilience\"Bien sûr, cette situation peut être imputée à la faiblesse de la demande. Les entreprises investissent peu, le marché immobilier est plus qu\'incertain, les consommateurs achètent moins. Une situation qui devrait changer rapidement, avec la reprise qui pourrait se dessiner ? Le PDG de Société Générale, Frederic Oudea, ne le croit pas. « En France, nous sommes dans la résilience adaptative, nous n\'entrevoyons pas de croissance dans les deux ou trois ans à venir », a-t-il déclaré à l\'occasion de la présentation des résultats du groupe. Et même après cette échéance, dans l\'hypothèse d\'une économie en croissance, il se pourrait que les banques ne prennent pas tant que ça le chemin du crédit. « Nous devrons nous orienter vers plus de désintermédiation, aller vers un modèle plus anglo-saxon », affirme Frédéric Oudéa. Autrement dit, ce serait de moins en moins les banques qui prêteraient aux entreprises : ces dernières trouveraient leur financement auprès des marchés, avec l\'aide des établissements financiers.Déjà, le résultat brut d\'exploitation de l\'activité banque de financement et d\'investissement de Société Générale a crû de 7,9% au premier semestre (par rapport à la même période de 2012), alors que le métier de banque de réseaux voyait se profits bruts stagner. Ce segment se développe rapidement, souligne-t-on aussi à la BNP.  La réglementation bancaire, qui contraint les banques à augmenter le ratio entre leurs fonds propres et leur total de bilan, explique largement cette évolution. Mais quand les banquiers reconnaîtront-ils qu\'ils financent de moins en moins l\'économie ? 
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