Quand la banque d'Angleterre revendait de l'or volé par les nazis...

 En fouillant dans ses cartons, la banque d\'Angleterre (BoE) est tombée sur des pépites pour les historiens. Son projet de numérisation de ses fonds d\'archives a en effet permis d\'exhumer un document datant de 1950 prouvant qu\'elle a vendu de l\'or volé par le régime nazi. Retour en arrière. En 1938, l\'Allemagne envahit les Sudètes, avec l\'assentiment de la France et de la Grande-Bretagne qui ont signé les accords de Munich. L\'année suivante, en mars, le reste de la Tchécolsovaquie est envahie.Transfert d\'or voléLe même mois, une quantité d\'or d\'une valeur de 5,6 millions de livres (de l\'époque) est transférée du compte que détient la banque nationale tchécoslovaque auprès de la banque internationale des règlements (BIS) vers celui du Reich. A l\'époque, une partie de l\'or détenu par la BIS - qui siège à Bâle - est conservée à Londres. C\'est la banque d\'Angleterre qui se charge alors du transfert de cet or, volé à l\'un de ses alliés (la Tchécoslovaquie). Une partie des lingots (d\'une valeur de 4 millions de livres) est ensuite envoyée dans des banques en Belgique et aux Pays-Bas et le reste vendu à Londres.Dès le mois de mars 1939, les chancelleries ont vent de ce transfert de l\'or tchèque. Ce qui passe plutôt mal chez certains Alliés. Le gouverneur de la Banque de France, Pierre Fournier, téléphone alors à son homologue d\'outre-Manche, Montagu Norman, pour lui proposer d\'envoyer une lettre de protestation au président de la BIS. Mais le Britannique rejette cette proposition,  jugeant \"dangereux pour l\'avenir de la BIS ou de l\'un des membres de son conseil d\'administration (...) de tenter d\'influencer son président pour des raisons politiques\".Un gouverneur peu coopératifLe ministre des Finances britanniques de l\'époque, John Simon, pressé par les parlementaires, cherche une réponse juridique. Pour empêcher une éventuelle transaction, il aurait fallu dénoncer le traité instituant la Banque internationale des règlements qui imposait la neutralité, précise le document mis en ligne. En mai, pressé par les parlementaires, il demande cependant au gouverneur de la BoE ce qu\'il est advenu de l\'or tchèque. Il n\'obtiendra pas de réponse précise. Les services de Montagu Norman se contentent de répondre que s\'il détient bien de l\'or de la BIS, il ne sait pas à qui il appartient.En juin 1939, soit deux mois avant le déclenchement de la guerre, une autre demande d\'opération est formulée, portant cette fois sur le transfert de 440.000 livres d\'or envoyé à Londres par le Reich et qui doivent être transportés par bateau aux Etats-Unis. Cette fois, le Gouverneur demande l\'avis du ministre des Finances britannique... mais n\'attend pas la réponse des juristes pour effectuer l\'envoi.Paris demande à nouveau le blocage des transfertsUne fois la guerre déclarée, le 2 septembre, la Banque d\'Angleterre pouvait-elle continuer à respecter la neutralité de la BIS ? Une fois de plus, Paris demande le blocage de fonds provenant des comptes tchèques. Cette fois les Britanniques, répondent favorablement et décident de demander au président du BIS de stopper les transferts. Mais tout au long de la guerre, la question du manque de neutralité des gouverneurs fait polémique. Et ce document relance d\'autant plus le débat. 
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