Doux : un camouflet pour Arnaud Montebourg

Coup de tonnerre au Tribunal de Quimper. Les juges ont reporté 50% de leur décision quant à l\'avenir de Doux. Le tribunal de commerce a converti en liquidation l\'activité de produits frais jusqu\'ici en redressement. A charge pour les candidats à la reprise de ses actifs de présenter un plan de reprise. Ils ont jusqu\'au 10 août pour présenter leur projet.Audience d\'étape le 9 octobreLe tribunal de commerce de Quimper a, par ailleurs, prononcé la prolongation de la période d\'observation pour ses seules activités dans les produits congelés. Cette décision devrait satisfaire Charles Doux. Le pdg-fondateur du groupe breton exigeait ce délai pour imposer son plan de continuation. Celui qui détenait 80% du capital du groupe placé en redressement judiciaire le 1er juin va s\'allier avec son principal créancier, la Barclays. La banque d\'affaires britannique reprendra 80% du capital. Charles Doux devrait y demeurer à hauteur de 20%. D\'après nos informations, la période d\'observation du groupe est prolongée jusqu\'au 31 novembre 2012. Une audience d\'étape se tiendra le 9 octobre. D\'ici là, toujours selon nos informations, le groupe Al Munajem (Arabie Saoudite) devrait apporter 2 millions d\'euros d\'argent frais par semaine, sur six semaines, au volailler Doux. Un camouflet pour Arnaud Montebourg Cette décision est le compromis que les administrateurs, Régis Valliot et Sophie Gautier, et les mandataires judiciaires conseillaient. D\'après des documents auxquels La Tribune a eu accès, les deux administrateurs judiciaires avaient, dès le 13 juillet, conclu que « sous réserve du soutien capital et financier [...] la solution médiane de l\'adoption d\'un plan de cession pour partie du groupe et de la décision de poursuivre la période d\'observation, pour une autre partie, pourrait ouvrir des perspectives plus satisfaisantes tant pour les salariés que pour les créanciers ». Le Tribunal de commerce a suivi cet avis. Et, au passage, il a dédit Arnaud Montebourg. Car, malgré les invectives du ministre du redressement productif, le groupe volailler fera l\'objet du démantèlement que, depuis le 1er juin, il exigeait d\'éviter. Et, de surcroît, Charles Doux, patron qu\'Arnaud Montebourg avait maintes fois critiqué, gagne une manche. Il obtient des juges de prolonger la période d\'observation du groupe qu\'il a fondé. Il en perd cependant les rênes. Barclays convertit sa créance de 140 millions en capital. La banque en obtient le contrôle. «Nous avons sollicité et obtenu le maintien de la période d\'observation (...) C\'est l\'étape nécessaire pour nous permettre d\'élaborer » le plan de continuation, s\'est félicité Maître Jean-Claude Gourvès, l\'un des avocats du groupe breton, dans des propos rapportés par l\'AFP.L\'apaisement nécessaireSofiprotéol ne cache pas son irritation. Le groupe coordonnait une offre de reprise des actifs du groupe Doux. En tout, une quinzaine d\'entreprises étaient candidates pour assurer la sauvegarde de 3.078 des 4.195 salariés Doux. Tous disent \"regretter que leur proposition n\'ait pas été retenue\", indique Sofiprotéol par communiqué. A contrario des administrateurs judiciaires qui, selon nos informations, n\'y relevaient \"aucune pertinence de filière avicole française\", le groupe maintient que son projet \"reposait sur un projet industriel de long terme\". Xavier Beulin, président de Sofiprotéol et par ailleurs président de la FNSEA, principal syndicat agricole en France, s\'est lui dit \"préoccupé\" par la liquidation du pôle de produits frais.Les autorités locales sont rassurées. Dans nos colonnes, Gaëlle Nicolas, maire de Châteaulin (Finistère), avait dénoncé « ce démantèlement déguisé» pour environ 40 millions d\'euros. Aujourd\'hui, l\'élue de Châteaulin, siège du groupe, juge que cette décision apporte «l\'apaisement nécessaire au dossier ». Cette offre n\'avait pas non plus le soutien des représentants du personnel. Le plan de continuation de Charles Doux les divisait également. « Il faut maintenant que le plan de redressement soit approuvé. Car les salariés vivent toujours dans l\'incertitude », déclare à La Tribune Gaëlle Nicolas. L\'activité des produits frais emploie 1.704 personnes en CDI et CDD dans neuf usines, dont des abattoirs. Ils devront patienter encore un mois pour connaître leur sort. La prolongation de cette activité est prévue jusqu\'au 10 septembre. Le groupe volailler leur apporte son soutien. «Nous nous battrons pour améliorer les prévisions de reprise d\'emplois sur le pôle frais», fait valoir le groupe Doux, par communiqué.  
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.