La Cnuced dénonce la volatilité des prix du minerai de fer

Le premier extracteur de minerai de fer, Vale, accélère ses cadences de production. Au deuxième trimestre, le brésilien s'est rapproché de son record historique de la fin 2008, en extirpant du sous-sol 76 millions de tonnes du minerai. En 2009 au contraire, les volumes s'étaient effondrés. Selon un rapport publié vendredi par la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), la production du minerai le plus important en volumes a chuté de 6,2 % l'an dernier à 1,588 milliard de tonnes, alors que la crise financière contraignait certains hauts-fourneaux à l'hibernation. Redistribution des cartesCes mouvements de yo-yo de l'offre et de la demande se répercutent fortement sur les prix. Et même trop. Depuis que leur mode de fixation n'est plus annuel mais trimestriel, soit depuis fin 2009, les prix du minerai sont passés de 100 à 180 dollars la tonne, avant de rechuter. Un renchérissement qui se traduit par une multiplication par quatre des résultats de Vale entre avril et juin, à 3,7 milliards de dollars. Pour la Cnuced, qui s'associe au point de vue des consommateurs, ce « nouveau système de fixation des prix apporte de l'incertitude au marché du minerai et en réduit la transparence ». Le fonctionnement du marché est aujourd'hui loin d'être optimal. « L'essentiel des échanges de minerai de fer se fait aujourd'hui hors marché, le prix du marché au comptant (chinois) est déterminé par seulement quelques contrats », note Lisa Fey à la Deutsche Bank. C'est pourtant ce prix qui influence en retour les autres contrats, d'où une forte volatilité. En Allemagne, un syndicat de métallurgie (WSM), a donc proposé courant juillet que l'industrie ait recours à des produits de couverture à terme sur le marché du minerai de fer, pour protéger son approvisionnement. Mais l'organisation d'un tel marché prendra du temps en l'absence d'indice de référence. Les observateurs s'accordent de surcroît pour estimer que le marché est aujourd'hui à un tournant, notamment en raison de la Chine qui ferme des capacités de production de minerai de fer et d'acier pour améliorer l'efficacité de son industrie lourde. La NDRC (National Development and Reform Commission) songe, par ailleurs, à imposer une taxe carbone dans le secteur de l'acier, entre 1 et 3 dollars par tonne de CO2 émise. « S'il est clair que la Chine est en train de reconfigurer son industrie lourde, l'impact de cette évolution vers une industrie à plus forte valeur ajoutée est plus trouble », assurent les experts de Natixis, qui estiment toutefois que les minerais comme le molybdenum, le cobalt ou le nickel, utilisés pour produire des aciers spécifiques, devraient plus bénéficier de cette redistribution des cartes que le minerai de fer. Natixis anticipe d'ailleurs un recul des prix de l'acier dès 2011.
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