Platine : vive spéculation sur la grève en Afrique du sud

Le rebond des cours des minerais constaté depuis le début de l'année semblait jusqu'alors avoir peu de répercussions. Il commence toutefois à avoir un véritable impact social, qui pourrait faire tache d'huile. Dans le secteur du platine, dont les trois quarts des mines se situent en Afrique du Sud, la hausse de 30?% du minerai depuis le début de l'année n'aura pas échappé au syndicat NUM (Union nationale des mineurs). Le deuxième producteur mondial, Impala Platinum, entre dans sa deuxième semaine d'interruption de la production, alors que 20.000 mineurs ont arrêté le travail. Les conditions de travail dans les mines du pays sont extrêmes. Les mines d'or, de platine et de diamant exploitées sont très profondes ; un mineur y perd la vie tous les deux jours. Mais surtout, le climat social est plutôt favorable aux syndicats, qui se trouvent confortés par l'élection au printemps dernier de Jacob Zuma. En plus d'une augmentation des salaires de 14?%, (l'inflation a atteint 6,9?% cette année dans le pays), les syndicats souhaitent donc obtenir de nouvelles garanties quant aux conditions de transport et au logement, alors qu'Impala propose une augmentation de salaires de 10 %. Partie de Rustenburg, la première mine de platine au monde en production annuelle puisque l'on y extrait 1.044 millions d'onces par an, la grève s'est portée sur un deuxième site d'Impala Platinum, Murala, et toucherait aussi partiellement Angloplat, Platmin et Aquarius Platinum. Pour l'instant, la grève en Afrique du Sud n'expose pas le marché du platine à un problème crucial : le retard de production ne représente que 20.000 onces. Mais les spécialistes gardent un ?il attentif à la situation. Ainsi sur le Nymex à New York, les positions longues sur le platine ont littéralement explosé pour atteindre un niveau record (voir le graphique). Le ratio entre les positions longues et courtes, c'est-à-dire entre ceux qui parient à la hausse ou à la baisse, est de 6 contre 1, soit le ratio le plus élevé de tous les métaux traités aux États-Unis. Une situation qui explique, selon John Reade chez UBS, que les cours du platine aient relativement peu réagi à l'annonce de la grève : peu d'investisseurs voient leurs positions menacées. Alors qu'on attendait sur 2009 un surplus de platine, le marché à terme semble compter sur une situation relativement tendue. Les derniers chiffres de ventes de voitures au Japon, qui témoignent d'une hausse de 2,3 % sur le mois d'août, plaident d'ailleurs en ce sens. Les programmes de primes à la casse dans les pays de l'OCDE, aidés par les grévistes, pourraient continuer à tirer le métal vers le haut.
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