Débuts difficiles pour le gouvernement Merkel II

AllemagneAngela Merkel doit parfois regretter le temps de la grande coalition avec les sociaux-démocrates. Car, malgré une large majorité parlementaire et une reprise économique solide, les débuts de sa coalition rêvée avec les libéraux du FDP sont des plus cahotiques. Deux mois après les élections, les pommes de discorde entre les partenaires gouvernementaux ne manquent pas. À commencer par la nomination de la députée CDU, Erika Steinbach, bête noire de Varsovie, au sein d'une fondation officielle sur les expulsés allemands d'après-guerre, qui est catégoriquement refusée par Guido Westerwelle, ministre des Affaires étrangères et président du FDP. Mais les dissensions entre CDU et FDP sont nombreuses?: de l'introduction du salaire minimum pour les entreprises de nettoyage, décidée par la grande coalition, défendue par la CDU et contestée par le FDP, à la réforme du système de santé en passant par la nature des allocations familiales. Mais, outre cette cohabitation difficile, la chancelière a accumulé bien des déboires depuis deux mois. Après avoir défendu la vente d'Opel à Magna, elle va sans doute devoir financer le plan de General Motors qui a décidé, dans un magistral coup de Jarnac, de garder sa filiale. Vendredi, son ministre du Travail, qu'elle avait défendu becs et ongles, a dû démissionner suite à la « bavure » afghane de l'armée allemande. Et si Angela Merkel peut se consoler en regardant les bons chiffres publiés hier de la consommation, de la production industrielle ou de l'emploi (le taux de chômage a reculé hier de 0,1 point à 7,6 %), elle va devoir faire face à la menace croissante du « credit crunch ».compensationsSon principal souci reste cependant le plan de baisses d'impôts âprement négocié avec le FDP et qui cause de la mauvaise humeur au sein de la CDU. La question de la grande réforme fiscale de 2011 reste pendante, alors que la consolidation budgétaire est une obligation constitutionnelle. Mais il y a plus immédiat encore?: dès le 1er janvier, le gouvernement avait prévu des allégements fiscaux de 8,5 milliards d'euros. Or, les Länder estiment que ces mesures mettent gravement en danger leurs budgets et nécessitent des compensations. Angela Merkel et Wolfgang Schäuble s'y refusent. Le point de dissension principale porte sur l'introduction d'un taux réduit de 7 % contre 19 % actuellement de la TVA dans l'hôtellerie. Les Länder dirigés par la CDU et le FDP, notamment le Schleswig-Holstein, mènent la fronde. Du coup, le gouvernement ne peut compter pour le moment sur une majorité au Bundesrat, pourtant nécessaire. Et le temps presse?: la loi doit être votée par le Parlement avant le 18 décembre pour entrer en vigueur le 1er janvier. Hier, Angela Merkel a tenté de retrouver ses talents de médiatrice en convoquant une réunion entre les différents partenaires. Mais l'exercice est décidément moins aisé qu'aux temps bénis de la grande coalition et beaucoup commencent à s'inquiéter du manque d'autorité de la chancelière. n
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