Elia Suleiman, de Nazareth à Marrakech

cinémaAujourd'hui encore, nul ne comprend pourquoi Isabelle Huppert s'est acharnée à lui refuser un prix lors du dernier Festival de Cannes. Car le Palestinien Elia Suleiman réussissait avec « The Time that Remains » un véritable chef-d'?uvre. Aujourd'hui, le réalisateur parcourt le monde pour présenter son film. Entre deux projections, il fait escale à Marrakech comme juré du 9e Festival international du film, présidé par l'Iranien Abbas Kiarostami. À eux de juger les 15 films en compétition. Peut-être auront-ils aussi le temps d'assister aux master class de leurs collègues, Jim Jarmusch, Emir Kusturica, Alfonso Cuarón et Christopher Doyle. Et faire la fête au 7e art comme il nous l'explique.Pourquoi avoir accepté d'être juré du Festival international du film de Marrakech ?Je connais bien Bruno Barde et Melita Toscan du Plantier, les organisateurs. Ils m'avaient invité il y a trois ans pour animer une master class. Et j'avais été enthousiasmé par ces jeunes, certains issus de l'école de cinéma de Marrakech, qui étaient venus m'écouter. Est-ce l'âge ? Mais parler à des étudiants me remplit d'espoir. Et puis ce festival permet de rencontrer les gens en toute tranquillité.Plusieurs réalisateurs vont y faire des master class.Je les connais pratiquement tous. Je vais d'ailleurs aller en Serbie dans le village d'Emir Kusturica pour y présenter mon film. Ce qui m'intéresse avec ces master class, c'est que les gens qui interviennent parviennent à dire des choses très personnelles.Comment un réalisateur se sent-il lorsqu'il présente son film en festival ?²C'est un fort moment d'anxiété. Surtout à Cannes où l'on sait que le « red carpet » peut vous conduire en enfer. Mes films sont tellement personnels que je me sens remis en cause moi-même lorsqu'ils sont en compétition.Comment voyez-vous la scène cinématographique arabe ?De ce que j'ai vu aux festivals de Doha-Tribeca ou Abu Dhabi, il y a un vent nouveau des plus rafraîchissants qui souffle sur ce cinéma-là. Mais je ne sais pas ce que ça donnera. Reste que cette nouvelle génération est beaucoup plus ouverte que la précédente.Comment vos films sont-ils reçus dans cette partie du monde ?Pendant des années, mes films étaient tabous parce que l'on me considérait dans les pays arabes ? à l'exception du Liban ? comme un potentiel collabo, surtout lorsque l'humour était jugé comme un élément subversif. Il est à la mode maintenant. Et mes films y sont très bien perçus. En Palestine, la projection de « The Time that Remains » a donné de purs moments de joie et d'enthousiasme. En Israël, même s'il ne s'agit pas du grand public, les gens applaudissaient certaines scènes comme celle où mon personnage saute le mur.Propos recueillis parYasmine Youssi Festival international du film de Marrakech du 4 au 12 décembre. www.festivalmarrakech.info.
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