John Hillcoat se perd en Route

cinémaLa majorité des lecteurs du dernier opus de Cormac McCarthy en convient. Il y a un avant et un après « la Route ». Érigeant à son paroxysme ses thèmes fétiches de la barbarie humaine, de la quête (rédemptrice ?) d'une certaine humanité, ce livre, prix Pultizer 2007, est un testament dont on ne sort pas indemne et qui voue toute lecture ultérieure au statut de roman de gare? Sa force, ce chef-d'?uvre la tient non pas tant de l'histoire (l'errance d'un père et d'un fils dans un monde post-apocalyptique) mais surtout de son style étonnement épuré et concis, de son écriture brute. Dès lors se pose la question de la possibilité de porter cette ?uvre à l'écran. Une question à laquelle il est tentant de répondre non. À raison.Certes, le réalisateur australien John Hillcoat (« la Proposition ») ne s'en tire pas si mal. Il eût pourtant été facile de verser dans le film catastrophe mettant en scène des hordes d'hommes en hardes à la « Mad Max ». L'un des meilleurs remparts contre cette dérive est l'admiration que voue le producteur Nick Wechsler (« Requiem for a dream », « Final Cut »?) à Cormac McCarthy. Mais son obsession à vouloir adapter sa dernière ?uvre, quelle qu'elle soit, après s'être fait souffler les droits de « No Country for old man » par les frères Cohen, l'a précipité dans un défi insurmontable. « Ce livre était si sombre et si austère que tous les studios et les autres producteurs ont perdu du temps à se demander s'il pouvait être adapté sous forme de film. Nous les avons pris de vitesse et [?] acheté les droits », relate-t-il. Mais le fallait-il à tout prix ?rythme chaotiqueAlors bien sûr le réalisme brut de la photo, des décors, la retenue des acteurs (impressionnant Viggo Mortensen, touchant Kodi Smit-McPhee dans le rôle de son fils, prophétique Robert Duvall?), le rythme chaotique du montage alliant errance et violence, la sobriété du scénario font de ce film une ?uvre fidèle, malgré quelques écarts revendiqués par le réalisateur et des flash-back superfétatoires. Mais l'émotion n'y est pas. Faut-il en prendre son parti ? Comme le confiait récemment au « Wall Street Journal » McCarthy, interrogé sur la difficile adaptation de ses romans à l'écran : « Un roman est un roman et un film est un film. » Pour apprécier le second, mieux vaut ne pas avoir approché le premier. Clarisse Jay
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