Le gouvernement tente d'éloigner le spectre de l'inflation

Eviter le dérapage des prix alimentaires tout en protégeant les secteurs productifs fragiles. Tel est l'exercice d'équilibristes auquel se sont livrés le secrétaire d'Etat au Commerce, Frédéric Lefebvre, et le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, mercredi, après avoir reçu les représentants des producteurs agricoles, des industriels et des distributeurs.Car fabricants et grande distribution doivent faire aboutir d'ici à la fin du mois des négociations commerciales rendues ardues par la hausse des matières premières. Les coûts de production ont ainsi augmenté de 21,6 % en un an pour les produits agricoles et de 5,4 % pour les produits industriels. Conséquence, alors que les industriels demandent une répercussion de ces hausses sur leurs prix de vente, les distributeurs se posent en hérauts de la défense du pouvoir d'achat des Français (lire encadré ci-dessous). « Nous voulons une répercussion juste et contrôlée de l'augmentation des prix des matières premières agricoles sur les prix de l'alimentation », ont pour leur part asséné les deux responsables politiques. « Juste » pour le consommateur, mais aussi pour les éleveurs, qui « sont dans une situation critique », ou encore pour les « PME de l'industrie agroalimentaire ». « Beaucoup d'emplois sont en jeu », a rappelé Bruno Le Maire. « Armes juridiques »Pour contrôler les prix, l'Etat dispose d'« armes juridiques » a souhaité rappeler Frédéric Lefebvre. « L'article L442.9 du code du commerce [mis en place par la loi du 3 janvier 2008 et jamais mis en oeuvre à ce jour, Ndlr] permet de sanctionner des prix de vente abusivement bas en cas de forte hausse des matières premières agricoles », a-t-il déclaré. Les acheteurs contrevenants encourent en théorie une amende allant jusqu'à 2 millions d'euros.Par ailleurs, l'Observatoire des prix et des marges, et la DGCCRF, auront pour mission de contrôler que l'augmentation des prix « répercute bien la hausse des coûts de production et ne se traduit pas par des bénéfices indus pour les uns ou les autres », a indiqué Bruno Le Maire. « Nous disposons [...] des pouvoirs d'enquête pour rechercher et analyser [...] de l'amont à l'aval les hausses appliquées aux tarifs des fournisseurs et leur traduction dans les prix en linéaires », explique la DGCCRF.Au-delà des prix alimentaires, la France doit-elle craindre l'inflation ? S'il est vrai que l'inflation globale est passée de 0,9 % fin 2009 à 1,8 % fin 2010, l'inflation dite sous-jacente (hors énergie et alimentaire frais) reste à des niveaux bas : 0,7 % à fin 2010, selon l'Insee. Des salaires en berne et une demande à la peine par rapport aux capacités de production font craindre à certains économistes la déflation, plus que l'inflation. Dans ce contexte, un relèvement des taux par la BCE (lire page 20) « mettrait en danger le peu de croissance actuelle », estime Alexander Law, chez Xerfi.
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