Richard Garriott, l'homme qui veut acheter la lune

C'est ce qu'on appelle un investissement hautement spéculatif. Richard Garriott, un millionnaire texan qui a fait fortune dans les jeux vidéo, rêve de conquête de l'espace depuis qu'il a été bercé pendant son enfances par les récits de son père astronaute. Au point d'acheter un robot lunaire russe, en 1993. L'engin date de l'ère soviétique, et il est alors vendu aux enchères chez Sotheby's. Richard Garriott ne l'a jamais vu ? et pour cause, le robot a disparu dans un cratère sans laisser de trace en 1973, l'année où il a aluni, - mais il accepte à l'époque de payer quand même 68 000 dollars pour l'acquérir. « J'étais intéressé parce que je voulais être le premier propriétaire privé au monde d'un objet sur une autre planète » explique-t-il à La Tribune. Dix sept ans plus tard, ses désirs lunaires sont loin d'être assouvis : son rêve est désormais de devenir le premier propriétaire privé d'un morceau de lune. Certes, Richard Garriott fait dans le symbole, et il cherche surtout lancer un message à la communauté internationale sur l'intérêt des partenariats publics privés dans l'exploration de l'espace, le tout pour le plus grand bénéfice de la planète terre. Parking à péage « Mais j'ai un fondement juridique raisonnable, explique-t-il. En 1966, un traité international, signé par tous les pays membres des Nations Unies, a stipulé qu'aucun gouvernement ne pourrait prétendre à une quelconque propriété de la lune. En 1977, l'ONU a rédigé un nouveau projet de texte, dans lequel il est clairement affirmé qu'aucune personne privée non plus ne pourra être propriétaire de la lune. Mais les Etats-Unis ont refusé de le ratifier, mettant en avant la possibilité d'un usage commercial ». C'est justement cet usage commercial que l'Américain défend aujourd'hui. Depuis qu'un nouveau faisceau de reconnaissance a permis à des scientifiques de localiser l'engin, il y a quelques jours, Richard Garriott affûte ses armes. Le robot, dont les batteries ont été étouffées par la poussière lunaire, ne semble plus avancer, mais il est bel et bien sorti du cratère où il était tombé. Mieux que cela, il a parcouru 40 kilomètres sur la surface de la lune. Et s'il n'envoie plus de photos, il réverbère encore, grâce à ses miroirs, la lumière qu'on lui envoie, ce qui permet de mieux mesurer la distance de la terre à la lune et les mouvements des deux astres. Un site lunaire sur InternetMais ce n'est pas cette utilité que le Texan souhaite exploiter. Il a participé financièrement à une autre aventure, celle de Google Lunar X-Prize, mettant en compétition des entreprises privées tentées par l'exploration spatiale. « Les futurs engins qui seront lancés sur la lune permettront de balayer la surface à la caméra ». En visitant des lieux « historiques », comme l'empreinte du premier pas sur la lune ou l'endroit où s'est arrêté le fameux robot de Richard Garriott, les caméras de demain enverront des images sur terre, difusées sur Internet. « Ceux qui veulent s'attarder sur mon site lunaire pourront ainsi me payer un droit de visite et de "parking" », suggère le millionnaire, qui a lui-même été l'un des premiers touristes de l'espace, lors d'une mission qu'il s'était offerte (pour 35 millions de dollars) avec la station spatiale internationale, en 2008. Christophe Colomb, pionnier des PPPPlus sérieusement, c'est l'idée de partenariat public-privé (PPP) qu'il défend. « Christophe Colomb est un exemple historique, dit-il, le voyage a été financé avec de l'argent public, mais dès que l'on a trouvé des ressources sur place, l'argent privé est arrivé. » C'est pour aider la terre que le texan souhaite monter des projets lunaires financés par des capitaux privés. « Si l'on construisait un observatoire sur la face cachée de la lune, on pourrait voir des tas de choses, à l'abri des interférences, et notamment étudier les tempêtes à la surface du soleil qui perturbent le fonctionnement des satellites dans l'espace ou celui des réseaux électriques sur terre », conclut-il.
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