Canal Plus : le coup de bluff Lagardère

« Partie de poker menteur », probabilité « limitée » que l'introduction en Bourse intervienne finalement : les analystes financiers ont commenté avec un certain sceptiscime le communiqué du groupe Lagardèrerave;re, publié vendredi 2 juillet où il indique « initier le processus d'introduction en Bourse de Canal Plus France ». « Cette décision agrémente la partie de poker menteur qui oppose Lagardèrerave;re et Vivendi », note Bruno Hareng chez Oddo, qui privilégie « le scénario d'un accord à l'amiable en 2011, sur une base de 1,3 milliard d'euros (soit une valorisation de 6,5 milliards pour 100 % Canal Plus France) ». Opération prévue au 4e trimestreSelon un porte-parole du groupe Lagardèrerave;re, l'opération pourrait intervenir au quatrième trimestre 2010.La mise en Bourse des 20 % détenus dans Canal Plus France est en effet une option qui s'ouvre automatiquement au groupe d'Arnaud Lagardèrerave;re, dans le pacte d'actionnaires qui le lie à Vivendi, détenteur de 80 % de Canal Plus France, via sa filiale à 100 % Canal Plus Groupe. Chaque année, entre 2008 et 2014, Lagardèrerave;re peut exercer, du 15 mars au 15 avril, un droit de liquidité. Et après avoir proposé à Vivendi sa participation, se tourner vers le marché faute d'accord.Le « juste prix »Lagardèrerave;re avait confirmé mi-avril être en négociation avec Vivendi ajoutant qu'il ne vendrait que « si le prix est juste ». Dès cette époque, la difficulté à trouver un accord sur le prix était publique. Vivendi se disait lui acheteur à « prix raisonnable ». Lagardèrerave;re valorise sa participation dans Canal Plus à 1,5 milliard d'euros dans ses comptes. Vivendi a racheté en février 5,1 % du capital de Canal Plus à M6, et fin 2008, 9,9 % à TF1, pour un total de 1,13 milliard d'euros. Soit sur cette base, une valorisation des 20 % de Lagardèrerave;re de 1,48 milliard d'euros. Mais le prix donné à TF1 et M6 avait été fixé en 2006 à la clôture des accords de cession de leur filiale commune TPS à Canal Plus. C'était le prix consenti par Vivendi pour écarter la concurrence du marché de la TV payante. Lagardèrerave;re, lui, rêvait à l'époque de monter dans Canal Plus. Il avait négocié une option pour monter à 34 % et espérait un jour obtenir la majorité. Il a dû finir par admettre, depuis, que Vivendi n'était pas vendeur. Vivendi ne commente pas la décision de Lagardèrerave;re mais rappelle qu'il a d'autres filiales cotées (Activision dans les jeux) avec lesquelles il vit très bien. Tester l'appétit des marchésSurtout, il mise sur le manque d'attractivité pour les investisseurs de cette participation. Canal Plus France porte les principaux actifs du groupe Canal Plus hors du Studio Canal : 49 % de la chaîne Canal Plus, le bouquet CanalSat, les chaines thématiques, les activités de TV payante hors de France (Dom-Tom, Afrique, Maghreb), à l'exception de la Pologne et du Vietnam. Mais la croissance de l'ensemble du groupe est modeste (1,6 % en 2006, 1,7 % au premier trimestre à changes constants) et sa rentabilité opérationnelle s'érode depuis deux trimestres. Vivendi table donc sur un manque d'appétit des marchés, qui ramènerait Lagardèrerave;re à la table des discussions, avec des prétentions moindres. Le groupe Lagardèrerave;re juge, lui, qu'il aurait tort de se priver de l'opportunité ouverte par le pacte d'actionnaires et demande à voir la réponse des marchés. Le récent mouvement de Rupert Murdoch pour augmenter sa participation dans la TV payante anglaise BSkyB avive ses ambitions sur la valorisation de la télévision payante. Mais Canal Plus n'est pas tout à fait BSkyB, et on peut consentir une prime pour prendre un contrôle à 100 %. Pas forcément pour une part minoritaire.
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