La Turquie se divise sur la réforme de la constitution

C'est exactement 30 ans après le coup d'état militaire du 12 septembre 1980 que les électeurs turcs seront appelés à se prononcer sur une réforme amendant 26 articles de la constitution introduite jadis par les généraux putschistes. Ce référendum, prévu le 12 septembre prochain, est l'objet d'un vif débat dans une Turquie qui, par ailleurs, connaît un sursaut de croissance économique. D'après un sondage réalisé par l'institut A&G, 45,2 % des électeurs veulent voter oui au référendum contre 44 % pour le non, 10,8 % étant encore indécis. Outre la levée de l'impunité de ces militaires putschistes et la limitation des compétences des tribunaux militaires, cette réforme prévoit des mesures de discrimination positive notamment en faveur des femmes, la saisine individuelle de la Cour constitutionnelle, l'extension du droit de grève (notamment aux fonctionnaires), la création d'un médiateur de la République et la transformation du Conseil économique et social. Ce dernier serait consulté quatre fois par an par le Premier ministre sur les dossiers économiques et sociaux. La polémique porte plutôt sur la modification de la composition de la Cour constitutionnelle et de celle du Conseil supérieur des juges et des procureurs (HSYK), deux institutions s'opposant régulièrement à l'AKP, le parti de Recep Tayyip Erdogan au pouvoir (issu de la mouvance islamiste) depuis 2002.Le commissaire européen à l'Élargissement, Stefan Füle, salue cette réforme de « pas positif dans la bonne direction » car « elle concerne un nombre de défauts [constitutionnels] identifiés de longue date par l'Europe ». Mais en Turquie, cette réforme constitutionnelle n'est soutenue par aucun des partis d'opposition.Vote de défianceLes acteurs économiques sont aussi divisés. Si la TÜSIAD, qui dit représenter 50 % du secteur privé et 80 % des exportations turcs, a refusé de donner des consignes de vote (voir l'interview ci-dessous de sa présidente Madame Ümit Boyner), une autre confédération patronale, la Musiad, proche de l'AKP, a appelé à voter oui, tout comme l'Union des chambres de commerce (TOBB), appréciant le renforcement du rôle du conseil économique et social et la création d'un médiateur de la république pour « régler plus efficacement les problèmes avec l'adminis- tration  ».À quelques mois d'élections législatives et alors que le référendum prend des tournures de plébiscite ou de vote de défiance en direction du gouvernement, certains économistes s'inquiètent d'un possible relachement de la politique budgétaire en cas de victoire du « non ». Le ministre des finances, Mehmet Simsek, a affirmé que le gouvernement poursuivra sa politique de discipline budgétaires « quel que soit le résultat », mais il a aussi averti qu'une victoire du non aurait « des conséquences négatives ».
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