Borloo change d'environnement

Ne dites pas à Jean-Louis Borloo qu'il est un dilettante ! « C'est un affectif et comme tous les affectifs, il supporte parfois mal ce genre de critique », dit du ministre un haut fonctionnaire qui le côtoie au ministère du Développement durable. Tout « affectif » qu'il est, Jean-Louis Borloo connaît parfaitement la réputation qui colle à son personnage. Et tente de la faire mentir du mieux qu'il peut. Fin d'une conférence de presse courant 2009. Le ministre du Développement durable se dirige vers le buffet et s'empare d'une coupe de champagne. La porte à ses lèvres puis se ravisant, la repose sur la table. « Il y a encore des caméras », l'entend-on murmurer en saisissant un verre de jus d'orange.Ne dites pas à Borloo qu'il est un dilettante. « Il n'aime pas cette réputation, lui qui sait, avec parfois un vrai génie politique, être très créatif, très inventif », corrige un membre de son cabinet. C'est pourtant cette mauvaise image que brandit depuis des jours le camp anti-Borloo, dans lequel on retrouve des ministres jaloux, des centristes - ses anciens amis - mais aussi certains hauts fonctionnaires mal remis de son passage éphémère à Bercy au printemps 2007.Pourtant « JLB » est tout, sauf monsieur Tout-le-monde. Derrière son charisme et ses mèches rebelles se cachent d'autres facettes. Né en 1951 à Paris, il fonde dans les années 1980 un cabinet, devenant l'avocat de Bernard Tapie. Lancé en politique depuis 1989, il s'empare de la mairie de Valenciennes : pendant douze ans, il va s'efforcer de faire renaître la « Venise du Nord » et se forge une réputation de bâtisseur. On lui doit l'implantation en 2001, dans sa ville, de l'usine Toyota.Vient le temps gouvernemental. Ministre sans discontinuer depuis 2002, Jean-Louis Borloo incarne une image à la fois centriste et sociale. En juin 2007, il devient ministre du Développement durable, et éprouve, du moins au début, « des difficultés à s'adapter à son nouveau ministère », juge un de ses proches. La secrétaire d'État à l'Écologie « Nathalie Kosciusko-Morizet, et sa connaissance avancée des questions environnementales, lui faisait de l'ombre », commente hors micro un ministre. Mais le président du Parti radical sait s'adapter. En témoigne le vote à la quasi-unanimité de la loi Grenelle I au Parlement. La suite est moins glamour. Alors que Nicolas Sarkozy comme Jean-Louis Borloo promettent « la révolution écologique », l'abandon de la taxe carbone, la reprise de la construction de tronçons autoroutiers et les freins à l'éolien insérés dans la loi Grenelle II enterrent les espoirs qu'avait fait naître le président de la République.Aujourd'hui archi-favori pour Matignon, Jean-Louis Borloo a conscience qu'il risque de traîner encore longtemps ces renoncements. Son mutisme et ses absences dans les polémiques qui ont marqué son ministère lui ont souvent été reprochés. Dernièrement encore, alors que la pénurie de carburant guettait l'Hexagone, il a fallu attendre deux semaines avant que le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, cède la place publiquement à son patron. Désormais dans la dernière ligne droite, Jean-Louis Borloo ne peut désormais plus jouer les discrets comme on le lui a souvent reproché. Assagi, recoiffé et désormais muni d'un plan de communication, il a deux atouts pour faire la différence : sa fibre sociale et sa méthode du Grenelle. Deux cartes maîtresses pour changer totalement d'environnement. R. J. avec E. C.
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