Le blues des directeurs d'agence bancaire

Dans l\'esprit du grand public, le directeur d\'agence bancaire est souvent considéré comme un homme tout-puissant, celui qui a l\'ultime pouvoir d\'accorder ou non un crédit. En réalité, cet homme - il s\'agit d\'un métier très masculin - est aujourd\'hui fragile. Plus concrètement, il a le blues. La preuve, en France, 12% seulement des directeurs d\'agences bancaires recommanderaient leur métier à leurs proches, selon une étude réalisée par le cabinet de conseil en stratégie Exton Consulting. Les directeurs d\'agences pointent d\'abord du doigt les tâches administratives, notamment de contrôle, qui se sont multipliées au cours des cinq dernières années, empiétant sur le temps consacré à leurs clients et, surtout, au management de leurs équipes.Des exécutants plutôt que des contributeursToujours au chapitre de la gestion des ressources humaines, les directeurs d\'agences déplorent leur faible pouvoir d\'intervention en matière de recrutement et de rémunération. Ce qu\'ils vivent comme une véritable « mise à l\'écart », « un manque de confiance de la part de leur entreprise. » Par ailleurs, un peu plus d\'un tiers (36%) d\'entre eux se sentent peu responsabilisés sur le sujet de leur contribution à la politique commerciale de la banque. Plus globalement, ils regrettent « un manque d\'autonomie », qui les place « en position d\'exécutants plus que de contributeurs. »Mutations en vue pour la banque de détailNul doute que ce « manque de reconnaissance » par leur employeur va s\'aggraver, au cours des prochaines années, compte tenu des profondes mutations qui se profilent pour la banque de détail. Les réseaux bancaires doivent notamment faire face à la baisse de la fréquentation des agences, liée, d\'une part, à la crise économique, qui n\'incite guère les clients à pousser la porte de leur banque pour solliciter un crédit immobilier ou à la consommation, et, d\'autre part, à la montée en puissance des services bancaires sur Internet. Des évolutions qui risquent de ramener le produit net bancaire des réseaux des neuf plus grandes banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, LCL, Banques Populaires, Caisse d\'Epargne, Banque Postale, Crédit Mutuel, CIC) à 52 milliards d\'euros en 2015, contre 55 milliards en 2011, soit une baisse de 5,5%, pronostique le cabinet Roland Berger.Recrutements en baisse et fermetures d\'agencesParallèlement, dans le même temps, le coût du risque (provisions sur impayés) devrait bondir de 43%, à 7 milliards d\'euros, crise oblige. Face à cet effet de ciseau sur leur rentabilité, les banques françaises devront s\'adapter. En réduisant leurs recrutements, ce qu\'elles ont commencé à faire en 2012, avec 23.000 à 25.000 embauches, contre 30.000 l\'année précédente, soit une chute de 20%. Et, même, en fermant des agences, comme le prévoit par exemple la Société Générale. Le nombre d\'agences bancaires pourrait ainsi diminuer de 2% à 4% par an, en France, toutes banques confondues, dans les prochaines années, selon Roland Berger. Pas de quoi redonner le moral aux directeurs d\'agences.  
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