La Commission européenne se range du côté des OGM

En autorisant la culture de la pomme de terre génétiquement modifiée Amflora, José Manuel Barroso a tenté de se débarrasser de la patate chaude que représente le dossier OGM. De l'aveu d'un responsable européen, le sujet lui avait déjà « pourri » son premier mandat. Le président de la Commission européenne, favorable aux OGM, a été mis sous pression par les agrosemenciers, qui ont actionné tous les leviers, à commencer par Angela Merkel. Le géant allemand de la chimie BASF aurait ainsi menacé de quitter l'Allemagne si l'autorisation de Bruxelles pour Amflora n'avait pas été accordée avant la fin du mois de février. Signe de l'importance du dossier pour la chancelière allemande, le contrat de coalition gouvernementale à Berlin mentionne expressément le soutien à la culture de cette pomme de terre. 250 hectares d'exploitationsL'Amflora ne pèse pas lourd dans les caisses de BASF, avec à peine 250 hectares d'exploitations et un chiffre d'affaires inférieur à 30 millions d'euros. Mais la société de Ludwigshafen compte utiliser le symbole politique de cette autorisation. « Nous y allons avec un produit à la fois », admet à « La Tribune » un lobbyiste d'une société d'OGM. Politiquement, le président de la Commission a joué adroitement. Sous le collège Barroso I, son commissaire à l'Environnement, Stavros Dimas, était farouchement contre les OGM. Sous Barroso II, le chef de l'exécutif européen a tout simplement transféré le dossier, en le plaçant dans le portefeuille de la Santé, sous l'autorité du commissaire John Dalli, un pro-OGM. En outre, José Manuel Barroso savait qu'il pourrait compter sur l'absence d'opposition au sein de la nouvelle Commission.Pris en tenaille entre les agro-semenciers et les écologistes, le Portugais a voulu se montrer pragmatique en choisissant de se ranger derrière l'avis scientifique - souvent contesté - de l'Autorité européenne de sécurité des aliments. Mais sa position a vite fait réagir. Ainsi, Chantal Jouanno a rappelé mercredi que « La France et l'ensemble des pays européens [...] avaient demandé en décembre 2008 à la Commission de changer de procédure. Elle ne l'a pas fait. » Et la secrétaire d'État chargée de l'écologie de conclure : « Sur le fond, on ne reconnaît pas cette expertise. »Yann-Antony Noghès, à Bruxelle
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