Mines  : quand la Chine finance les magnats australiens

Le secteur minier australien tient son prochain héros. Après la réussite de « Twiggy » Forrest, patron du groupe Fortescue Metals, qui fit fortune dans le minerai de fer du Pilbara, cette région d'Australie occidentale fief de Rio Tinto et BHP-Billiton, Clive Palmer tente son entrée dans la cour des grands. Le président de Ressourcehouse Limited prévoit d'injecter dans ses gisements de charbon et de minerai de fer près de 8 milliards d'euros d'ici à cinq ans, pour faire de sa compagnie créée en 2007, le quatrième opérateur minier d'Australie.Il peut compter pour cela sur le soutien très actif de la Chine, un pays que Clive Palmer connaît bien pour y avoir passé son enfance. « Il sait ouvrir les bonnes portes », confirme Marc Pervan, analyste d'ANZ à Sydney. Alors que d'après les experts de Rio Tinto, la Chine « s'apprête à consommer davantage de minerais dans les cinq prochaines années que tout ce que l'Australie a exporté jusqu'à aujourd'hui ». Clive Palmer utilise à la perfection son carnet d'adresses. Au point de prendre parfois ses désirs pour la réalité. La cinquième fortune d'Australie n'a ainsi pas hésité à annoncer triomphalement la conclusion, en février dernier, « du plus gros contrat d'exportation jamais signé dans ce pays », avant de se voir contredit le lendemain même par son partenaire chinois, la compagnie d'électricité China Power International Holding. En plus d'écorcher le nom de CPIH, Clive Palmer semble également avoir débordé « du cadre pour l'instant défini », selon la formule du porte-parole chinois. L'accord portant sur l'achat de 30 millions de tonnes de charbon par an, au cours des vingt prochaines années, doit bien être paraphé en avril prochain, mais CPIH refuse de confirmer le montant de 60 milliards de dollars claironné par son fournisseur australien.Vexé, ce dernier s'en est d'abord pris à la presse avant d'annuler, dans un coup de sang, la prochaine cotation de sa compagnie sur la place de Hong Kong. Autorisée en octobre et après avoir échoué en novembre, l'opération prévue pour mars est maintenant attendue le mois prochain, selon les experts. Une dernière rebuffade de Clive Palmer, dont la compagnie n'est pour l'instant cotée sur aucun marché. « L'exemple de Rusal, dont le titre a sensiblement baissé depuis son introduction à Hong Kong, l'oblige à faire preuve de prudence », explique Marc Pervan.10?% du capitalEn ouvrant son capital, Ressourcehouse espère collecter les 2 milliards d'euros dont elle a besoin pour agrandir rapidement son gisement de fer prévu pour démarrer avant la fin de l'année en Australie occidentale. Metallurgical Corp. of China (MCC) a été le premier investisseur étranger accueilli au tour de table début février. Pour 150 millions d'euros, la compagnie chinoise s'est emparée de 10 % du capital de Ressourcehouse, avant de s'engager dans l'exploitation de China First, le gisement de charbon géant dont une partie de la production vient d'être vendue à CPIH. Un projet de 6 milliards d'euros, que MCC et les autres prestataires chinois présents sur cette opération, s'engagent à livrer clés en main pour 2013, avec le soutien financier de la Bank of China. Avec de tels amis, Clive Palmer a toutes les chances de réussir son pari.
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