Une ballade virtuose

Japon, années 1960. Watanabe, Kizuki et la jolie Naoko sont trois adolescents inséparables. Un jour, Kizuki met fin à son existence. Watanabe perd son meilleur ami, Naoko son amant. À la suite de ce drame, le jeune homme part faire ses études à Tokyo. Il retrouve quelque temps plus tard la jeune fille et finit par coucher avec elle. Malheureusement, Naoko ne s'est jamais remise de la mort de son premier amour. Traumatisée, elle se replie peu à peu sur elle-même et se coupe du monde. Lorsqu'il reçoit enfin de ses nouvelles, Watanabe vient à peine de rencontrer la belle Midori, une jeune fille drôle et énergique. Pour le garçon, un dilemme se met alors en place...Pour son grand retour derrière la caméra, le cinéaste franco-vietnamien Tran Anh Hung adapte le roman éponyme de Haruki Murakami (éd. Belfond), « la Ballade de l'impossible » paru en 1987. Un ouvrage incontournable de la littérature japonaise, aussi sombre que poétique, sur lequel plane l'ombre d'Éros et Thanatos. Il n'est jamais évident de rendre au cinéma toute la quintessence d'une telle oeuvre. Pourtant, Tran Anh Hung y parvient, par petites touches, aussi délicates que subtiles. Ambiance éthérée, photographie somptueuse, cadrages impeccables... Autant d'éléments qui contribuent à rendre le long-métrage magnifique et envoûtant. Malgré un tempo parfois lancinant, on ne s'ennuie jamais devant « la Ballade de l'impossible ». Si la durée du film est longue, si certaines scènes s'étirent plus que de raison, ce n'est pas pour rien. En effet, toutes les subtilités de l'intrigue se mettent en place progressivement, et l'ensemble possède au final une parfaite cohérence. Bouleversant et esthétiquement remarquable, le long-métrage tire également sa force de son casting. Si Ken'ichi Matsuyama incarne brillamment Watanabe, c'est bien Rinko Kikuchi qui, dans le rôle de Naoko, hante le film de sa présence fantomatique et incandescente. Ces deux personnages aux relations déchirantes laissent une empreinte indélébile et font de cette « Ballade de l'impossible » une expérience cinématographique que l'on n'oublie pas de sitôt. On appelle cela un chef-d'oeuvre.Jérôme Béalè
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