Alstom, fragilisé, met le cap sur les pays émergents

Touché de plein fouet par la crise ces dix-huit derniers mois, Alstom devrait annoncer ce matin un bénéfice net plus de deux fois inférieur à celui de l'exercice précédent, à 519 millions d'euros contre 1,2 milliard d'euros il y a un an, selon le consensus réalisé par Reuters. Au-delà de ce chiffre, attendu, « le marché va être très attentif au dynamisme des ventes, puisque le carnet de commandes d'aujourd'hui produira le chiffre d'affaires d'Alstom dans dix-huit mois », rappelle cet analyste parisien. Lors du dernier trimestre 2010, Alstom avait renoué avec la croissance de son carnet de commandes en retrouvant son niveau de juillet 2009, son record avant d'être atteint par l'attentisme de ses grands clients électriciens et entreprises de transports publics. Cette reprise s'est-elle confirmée sur le premier trimestre 2011 et surtout, va-t-elle se prolonger dans les mois à venir ? C'est ce que Patrick Kron, PDG d'Alstom, va préciser ce matin. La plupart des analystes sont confiants. « Alstom a commencé à profiter pleinement de l'engouement hors nucléaire, notamment le rebond des centrales à charbon et des centrales thermiques », estime Lionel Pellicier, chez Alphavalue. Décisions en attenteDans le secteur du transport, de nombreuses décisions sont en attente (voir ci-dessous), après l'annulation par la Floride de ses projets de TGV fin février. « La volatilité est assez forte dans ce secteur qui dépend en grande partie de contrats publics, donc de la santé des finances publiques d'un certain nombre de pays », souligne un autre analyste. Quand au troisième - et nouveau - secteur d'Alstom, « les réseaux haute tension » rachetés à Areva en juin 2010, il est soumis à de très fortes tensions sur les prix ces derniers mois. « Selon les chiffres que vient de publier ABB, les prix se sont moins effondrés que prévu, avec un recul de 7 % en moyenne », précise Alex Barnett, chez Jefferies. Cette reprise amorcée des affaires va-t-elle suffire pour éviter de nouvelles restructurations ? Alstom a enchaîné deux plans de réduction d'effectifs ces derniers mois (10 % de sa branche énergie, soit 4.000 emplois et 5 % de son unité transport, soit 1.380 postes), pour la première fois depuis qu'il avait frôlé la faillite en 2003-2005. Une chose est sûre, le groupe qui emploie 74 % de ses effectifs en Europe et en Amérique du Nord va devoir poursuivre la migration de sa base de coûts fixes vers les pays émergents. Alstom a signé le 21 avril une lettre d'intention avec Shangai Electric, le leader chinois des chaudières à charbon pour créer une co-entreprise qui produira sur place des centrales qui seront vendues dans le monde entier.
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