Le cours du C02 anticipe une raréfaction de l'offre de quotas

Plus 30 % en un mois ! Le cours des quotas, qui permettent aux industriels européens d'émettre une tonne de dioxyde de carbone, ne cessent de grimper. Ils ont touché hier un plus-haut depuis décembre 2008, à 16,27 euros sur le marché au comptant de Bluenext. Avec le ralentissement économique, le nombre de quotas distribué aux industriels s'est avéré nettement trop abondant. Pour la plupart des assujettis, le quota n'a pas représenté un coût, mais une source de cash sur les exercices 2008 et 2009. Les raisons de cette envolée subite des cours ne se trouvent donc pas dans les fondamentaux immédiats... mais dans le futur. Mi-avril, la Commission européenne a en effet annoncé la couleur de la prochaine étape du mécanisme de régulation des quotas, qui démarrera dans deux ans. A partir de 2013, les producteurs d'électricité, mammouths du mécanisme avec la moitié du C02 d'origine industrielle à leur actif, devront acheter leurs quotas aux enchères, plutôt que de les recevoir gratuitement. Or ces quotas ne seront disponibles qu'en faible quantité avant 2013, alors que les électriciens en ont déjà besoin. Accumulation« La hausse récente des prix de l'électricité les incite à vendre leur production pour 2013, et à acheter les quantités de quotas correspondant », explique Isabelle Curien, analyste à la Deutsche Bank. La Commission européenne ne devrait pas mettre aux enchères plus de 100 millions de tonnes de quotas avant 2013, alors que les électriciens auront besoin d'en acheter 300 millions de tonnes, selon Barclays Capital. « La Commission estime que les électriciens peuvent acheter le surplus des autres industriels, qui ont au contraire trop de quotas ; mais nous constatons qu'ils ne les vendent pas ! » Les Lafarge et autres ArcelorMittal détiennent en effet pléthore de quotas ; ils préfèrent les thésauriser, faute de savoir ce que l'avenir leur réserve. Seules les installations les plus vertueuses se verront en effet remettre des quotas gratuits après 2013, mais les normes sectorielles sont encore en cours de discussion. Le regain d'intérêt pour le marché du C02 se matérialise aussi du côté des acteurs de marché. L'Intercontinental Exchange, bourse électronique spécialisée dans les dérivés basée à Atlanta, a ainsi lancé le 30 avril une offre sur Climate Exchange, une structure à la tête d'ECX (European Climate Exchange) et du Chicago Climate Exchange. L'ICE, qui gère déjà les dérivés sur le brent, devrait se retrouver en situation de quasi-monopole sur les dérivés du C02.
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